Une chute, comme il y en a temps dans le cyclisme, mais une chute qui aura eu des conséquences désastreuses sur la carrière de Joseba Beloki. Le leader de l'équipe O.N.C.E a vu ses espoirs de remporter un Grand Tour s'envoler durant l'après-midi de cette 9e étape du Tour de France 2003. Il était pourtant l'un des grands favoris, après être monté trois fois sur le podium d'affilée sur le Tour de France. Décryptage d'un destin brisé.
Nous sommes le 14 juillet, jour de fête nationale en France. Un jour de fête qui sera cauchemardesque pour Joseba Beloki. Dans la descente menant vers Gap, l'Espagnol chute violement, obligeant Lance Armstrong à couper à travers champs. Entouré par ses coéquipiers, qui se sont immédiatement arrêtés près de lui, Beloki est en pleurs. Heureusement, et c'est relatif, la généralisation des casques lui a sans doute évité des blessures plus graves. Malgré cela, Beloki abandonne, alors qu'il était une nouvelle fois dauphin de l'Américain, et ne reviendra plus jamais au niveau qui était le sien, à 29 ans. Un destin brisé par une chute, lui qui était destiné sans doute à remporter un Grand Tour.
Pourquoi lui :
Entre 2000 et 2002, Joseba Beloki a enchaîné 3 podiums sur le Tour de France, dont une 2e place dans une période baignée par le dopage. La disqualification de Lance Armstrong aurait pu lui offrir une victoire sur tapis vert, mais ses Tour de France n'ont pas été réattribués, comme pour Klöden. Dès lors, Beloki faisait incontestablement partie des coureurs qui méritaient d'être mis en avant dans ce classement. Sur le Tour de France, obtenir 3 podiums d'affilée est très rare. Seuls Andy Schleck et Chris Froome ont réussi cette performance. Les deux l'ont remporté, pas Beloki. Il n'a cependant jamais été proche d'une victoire, relégué à chaque fois à plus de 7 minutes du vainqueur mais a été un acteur majeur de la course.
Sur la Vuelta, l'Espagnol est aussi passé à côté de la victoire. Un podium en 2002, sa meilleure année puisqu'il a réalisé un podium sur les deux GT, monte son compteur de podium à 4. Un seul coureur sans GT depuis l'an 2000 fait mieux. A cela, nous pouvons aussi ajouter une victoire sur le Tour de Catalogne 2001, l'une des autres grandes courses en Espagne, avec plusieurs victoires d'étape à la clé.
Excellent grimpeur, il était aussi très bon dans l'effort solitaire, remportant un contre-la-montre sur le Tour de Catalogne et un autre sur le Tour de Romandie. Sur ses GT au 21e siècle, avant sa chute, il sera toujours rentré dans les 10 premiers dans l'exercice, preuve de sa régularité. Il avait donc le profil parfait pour remporter un Grand Tour mais n'a pas réussi à le faire. La chute, elle, l'a stoppé dans son élan, à son top, alors qu'il pouvait espérer poursuivre sa progression.
Ce qui lui a manqué :
Il était à la fois si proche et si loin d'y parvenir. Proche, puisqu'il n'était qu'à une ou deux marches de la victoire mais si loin en temps. Être tombé sur Lance Armstrong ne lui a clairement pas facilité la tâche. Sur le Tour de France, il fut dominé dans tous les domaines par l'Américain, qui en plus possédait une équipe incroyablement forte, comme la Sky récemment. Cependant, sur la Vuelta, Beloki était plus proche. Meilleur dans le chrono que Roberto Heras, il a pêché en montagne. L'enchaînement en tant que leader du Tour et de la Vuelta n'a peut-être pas joué en sa faveur mais Heras est tout de même l'un des meilleurs grimpeurs de ce siècle et a remporté le Tour d'Espagne à cinq reprises. Il n'a simplement pas réussi à stopper l'hégémonie US Postal.
En 6 participations à un GT avant sa chute, Beloki aura réussi 4 podiums soit un ratio de 66% de podium.
Il a aussi manqué de temps. Car la carrière de Beloki fut courte. Passé pro en 1998 chez Euskaltel-Euskadi à 25 ans, le coureur Ibérique a participé à 11 Grands Tours seulement dans sa carrière dont 7 avant sa terrible chute, à 29 ans. Il traversa les quatre derniers comme un fantôme, à la recherche de son passé. Il a effectué trois saisons et demi au plus haut niveau et réussi à décrocher 4 podiums. Une sacrée performance qui laisse imaginer qu'avec quelques saisons de plus, il aurait pu décrocher le graal d'une victoire sur une course de 3 semaines.
La fois où il est passé proche :
Sur le Tour de France, il n'aura jamais semblé en mesure de renverser Lance Armstrong. Là où il a pu se rapprocher le plus de la victoire, c'est sur la Vuelta 2002. Pourtant dès la 6e étape, Beloki est lâché en montagne, finissant 15e à la Pandera. Mais le contre-la-montre de la 10e étape lui permet un sérieux rapproché au classement, remontant 5 places jusqu'à la 5e position. A ce moment, Beloki n'est qu'à 20 secondes de Roberto Heras, et à 2 minutes d'Aitor Gonzalez et Oscar Sevilla, leader. Il peut croire en la victoire finale. Surtout, il semble monter en puissance après des débuts difficiles.
C'est donc l'Alto del Angliru, sur la 15e étape, qui fera la décision. Mais Heras s'envolera très vite en compagnie d'Aitor Gonzalez pendant que le leader Oscar Sevilla explose. Beloki lui, gère sa montée et finit à la 2e position devant Gonzalez mais derrière un Heras intouchable ce jour-là. Heras est donc leader avec 1 minute d'avance sur Gonzalez. La victoire finale se joue lors du dernier contre-la-montre décisif, à Madrid. De son côté, Beloki est au pied du podium mais un bon chrono peut lui permettre de croire à une remontée fantastique. Il donne tout dans le chrono et finit 5e mais trop loin de Gonzalez, qui a explosé ses adversaires avec plus d'une minute d'avance sur son dauphin. Heras est en perdition, finissant à 3 minutes 22. Il est donc relégué sur la deuxième marche, tandis que Beloki réussit à grimper sur le podium. Une belle récompense. Dommage cependant d'avoir toujours privilégié le Tour de France, sans quoi la victoire était possible.
Ses résultats en GT :
Tour d'Italie :
- 1 participation, 1 abandon
Tour de France :
- 5 participations dont 1 abandon
- 3 podiums dont une 2e place
- 0 victoire d’et
Tour d'Espagne :
- 4 participations, 1 abandon
- 1 podium
- 0 victoire d’étape
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