Présent depuis 1984 au sein du peloton professionnel, la firme néerlandaise a su traverser les époques. Elle reste imprégnée de son mythique sponsor Rabobank, avec qui elle a commencé à glaner ses premiers grands trophées. Surtout présente lors des classiques et disposant de baroudeurs hors normes, l'équipe a pris un nouveau tournant décisif avec l'arrivée de Jumbo. Et ce avec réussite. La formation est logiquement 7ème de notre classement.
Le début des années 2000 marque un renouvellement chez Rabobank suite aux épisodes de dopage de la fin du siècle dernier mais aussi au départ du sprinteur vedette Robbie McEwen chez Lotto, l'ennemi belge. La tête d'affiche Michael Boogerd est soit disant sur le déclin après une année 1999 difficile, et tous les observateurs se demandent ce que va devenir l'équipe. 37 ans après sa création, la structure néerlandaise est toujours là et truste les victoires des classements généraux et des classiques grâce à son équipe solide. Quelles sont ses forces ? Comment s'est-elle adaptée au cours des saisons ? Qui sont ses têtes d'affiches ? Vélofuté décrypte.
Histoire et Palmarès : des classiques aux tours
Avant les années 2000, l'équipe se focalisait sur les classiques flandriennes avec de belles réussites sur le Tour des Flandres. Peu habituée à gagner sur d'autres terrains, elle trustait souvent les places d'honneur. Depuis son remaniement au début du siècle, la Rabobank est devenue une machine à gagner. Elle glanait des trophées sur tous les terrains : Amstel Gold Race, Paris-Tours, Klasika, et s'offrait même le Tirreno-Adriatico grâce à son illustre baroudeur, Erik Dekker. Ce dernier a participé activement à la montée en notoriété de l'équipe, qui allait devenir l'une des plus grosses écuries du siècle.
L'Ex Rabobank comptabilise cinq Monuments au 21e siècle. Elle les doit en partie à son sprinteur-puncheur vedette, Oscar Freire (3x Milan-San Remo) qui a pris le relais de Robbie McEwen. Plus récemment, ses superstars Wout Van Aert (Milan-San Remo) et Primoz Roglic (Liège-Bastogne-Liège) ont permis à la formation néerlandaise de garnir son palmarès. Cette dernière a su compter également sur de fidèles équipiers comme Luis Léon Sanchez qui allait chercher une Klasika en 2012 et Robert Gesink qui hissait le drapeau néerlandais en terre canadienne au GP de Montreal et de Quebec en 2010 et 2013. Au total, l'équipe compte 11 classiques World Tour à son actif.
Sur les courses par étapes, elle a réussi dans un secteur où elle était en échec auparavant. Elle a remporté 5 GT (quatre Vuelta par Roglic et Menchov, 1 Giro par le Russe) et n'est pas passée loin d'un Tour de France en 2007 (Rasmussen, tu connais ?) et 2020 (La Planche des belles filles, tu connais ?)
L'avènement de Roglic, devenu une machine de guerre, a permis lors de ces trois dernières années d'agrémenter les résultats sur les courses à étapes avec ses victoires sur les classements généraux (Pays Basque, UAE Tour, Romandie, Tirreno). Au total, l'équipe compte 14 victoires finales sur des courses à étapes World Tour, dont 8 par le seul Roglic.
Sur les Grands Tours, Jumbo comptabilise 93 bouquets depuis 2000, soit environ 4 victoires par an. Autrefois placée, désormais gagnante, la firme néerlandaise comptabilise 294 victoires en WT et 558 victoires tout confondu. Colossal ! Seul Quick-Step peut se targuer de faire mieux.
Spécialité et philosophie : le cyclisme total
Plutôt axée sur les classiques, sprints et courses d'un jour, la Rabobank a su s'adapter. Conscient que se focaliser uniquement sur ces épreuves ne permettait pas à l'équipe de changer de dimension, d'autant plus qu'il y avait meilleur qu'eux, il a fallu changer de stratégie. L'équipe s'est transformée avec l'arrivée de leaders capables d'exceller sur les GT : Leipheimer, Rasmussen, Menchov. En parallèle, elle a continuellement formé, via son équipe de développement, des coureurs de courses à étapes comme Kruijswijk, Mollema ou Gesink.
La dernière transition a été difficile (2010-2018) pendant quelques saisons, durant le passage du sponsor Belkin, le temps de renouveler son effectif comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous. Il a manqué pendant des années des leaders capables de s'imposer sur les classements généraux et même sur les classiques. L'arrivée de Roglic puis de Van Aert a changé la donne.
Le recrutement s'oriente depuis sur des grimpeurs capables d'accompagner l'ancien sauteur à ski jusqu'aux ascensions finales. C'est le cas de Kuss, Bennett ou dernièrement Oomen. La Jumbo Visma a aussi accentué son recrutement sur les jeunes avec la perle norvégienne Tobias Foss et le récent dauphin du Tour de France, Jonas Vingegaard. Ils sont bel et bien la preuve que la machine néerlandaise souhaite s'investir durablement dans une stratégie sur les courses à étapes plus porteuses et plus lucratives, afin que ces dernières années ne soient pas de simples exceptions. Elle a même été chercher la superstar Tom Dumoulin pour ne pas renier son identité. Le nom Jumbo Visma doit sonner batave.
Néanmoins, l'ex-Belkin souhaite conserver un esprit conquérant sur les classiques. Elle possède une arme efficace et non des moindres, l'exceptionnel Wout Van Aert, qui a aussi bien la casquette de rouleur que de sprinteur ou puncheur. Elle vient d'ailleurs de recruter Christophe Laporte pour accompagner le Belge, bien esseulé par moments. A travers ce recrutement, on comprend le désir de conserver une ADN Rabobank. Elle possède également de gros sprinteurs capables de passer les pavés (Groenwenegen, Teunissen) et d'autres en devenir : David Dekker, fils d'Erik ou Kooij. Elle est devenue complète à tous les niveaux.
Freire et Roglic en tête de gondole, Van Aert à l'affût
Elle est loin, l'époque où les plus médisants se moquaient du style du néo-professionnel slovène. Le sauteur à ski a bien atterri. Il est plus que jamais installé dans le top 3 mondial. D'ailleurs, Primoz fait partie des 10 meilleurs de ce siècle en quelques années. Prodigieux.
Excellent rouleur (champion olympique TT, 15 victoires en CLM), redoutable puncheur (vainqueur de LBL 2020), très bon grimpeur, Roglic sait tout faire comme en attestent ses 56 victoires professionnelles en cinq saisons. Trois Vuelta sont venues garnir son palmarès, dans lesquelles il a dominé de plus en plus ses adversaire au fur et à mesure des éditions. Rogla compte 5 podiums sur les Grands Tours, a remporté 6 courses par étapes World Tour et 17 victoires en GT dont deux maillots verts sur la Vuelta. Paradoxalement, il cultive une image de serial looser suite à ses nombreuses désillusions (Tour de France 2020, Paris Nice 2021, Giro 2019). Étonnant, mais rien ne semble l'atteindre. Il a contribué à mener son équipe dans les 3 meilleures du monde. Le double numéro un mondial ne pense plus qu'à réaliser son rêve : remporter le Tour de France.
Quant à Oscar Freire, il est arrivé dans l'ombre de chez Mapei, barré par les vedettes. Déterminé à prouver qu'il pouvait réussir et tenir un rôle de leader, il arrache trois Milan-San Remo (2004, 2007, 2010) et de belles classiques. Il a d'ailleurs été 33 fois dans le top 10 des classiques WT, dont 9 fois sur la Primavera ! Il a aussi permis à la formation néerlandaise de ramener le maillot vert à Paris, en 2008. Don Oscar devait souvent se débrouiller seul et le faisait à la perfection, à l'image d'un Sagan lors de la décennie suivante. Le triple champion du monde reste à ce jour le coureur qui a permis à la Rabobank de passer un palier et devenir une Big Team, en attestent ses 57 victoires sous le maillot orange. L'image de son titre de champion du monde chez Rabobank reste un souvenir emblématique.
Plus complète, plus structurée, Jumbo/Visma est une version améliorée de la Rabobank qui s'essoufflait. En étant le nid de deux des meilleurs coureurs du monde, Roglic et Van Aert, elle risque de gravir les places de notre classement très rapidement. Car oui, cette équipe est affamée.
Rabobank / Jumbo Visma : 7e avec 13 362 pts
Comments