Grimpeur d'exception au style esthétique, Alberto Contador a marqué son époque par ses attaques foudroyantes et son goût prononcé pour l'offensive. Rarement battu, jamais abattu, il a offert aux passionnés de vélo un véritable spectacle sur les étapes de montagne. De quoi faire de lui l'un des meilleurs grimpeurs du XXIème siècle.
C'est ce qu'on appelle soigner sa sortie : en franchissant en vainqueur la ligne d'arrivée de la 20e étape de sa dernière Vuelta (2017), au sommet du mythique Angliru, Alberto Contador parachève ainsi, et d'une façon magistrale, une carrière de géant.
Cette ultime ascension de l'Angliru pourrait résumer à elle seule ce qu'est Contador : instinctif et téméraire, n'envisageant le cyclisme que par le prisme de l'offensive, quitte parfois à tout perdre.
C'est avec ce tempérament que Contador a offert, tout au long de sa carrière, un magnifique spectacle en montagne. Ses duels avec Andy Schleck, Nairo Quintana et Christopher Froome notamment donnent à ses envolées et ses succès un aspect prestigieux.
Pur grimpeur et à l'aise en altitude, Contador a construit son riche palmarès en brillant sur les montagnes françaises, italiennes et espagnoles. C'est donc en toute logique qu'il fait une entrée remarquée dans notre classement.
Pourquoi lui : le meilleur coureur de Grand Tour de son époque
Alberto Contador a fait de la montagne son terrain de jeu favori. Facilement identifiable par son style aussi caractéristique qu'esthétique, il est devenu une référence dans le domaine en performant tout au long de la saison sur les grandes épreuves à étapes.
Jouant les premiers rôles dès le début de saison avec Paris-Nice ou Tirreno, acteur majeur des Grands Tours en pleine saison avec le Giro ou le Tour et dynamiteur sur la Vuelta en septembre, l'Espagnol a toujours brillé sur les épreuves auxquelles il a pris part, résultat d'une pression qu'il s'est longtemps imposé lui-même.
Son palmarès parle pour lui : En World Tour, il est le coureur qui a remporté le plus de courses à étapes au 21e siècle, avec sept Grands Tours et six Tours WT, même si ce n'est pas pris en compte dans le classement. Il a remporté 21 étapes de haute montagne, démontrant des qualités exceptionnelles de grimpeur. C'est sur la Vuelta, son tour national, qu'il aura été le plus performant avec sept victoires d'étapes, dont six en montagne et 2 victoires au sommet de l'Angliru ! Par ailleurs, il a levé les bras à sept reprises sur des étapes de montagne World Tour, comme sur le Dauphiné à l'Alpe d'Huez. Il aura été constant d'année en année, peut importe la catégorie des courses.
Au-delà de son palmarès, Contador aura marqué le peloton par ses attaques foudroyantes. Pur grimpeur, dans la mesure où seule cette catégorie de coureur est capable de changer de rythme à plusieurs reprises dans une ascension, son "jump" lui a permis de décrocher brutalement ses adversaires en montagne. A ce titre, sa victoire à Verbier en 2009 reste un modèle du genre, après avoir subitement décroché Lance Armstrong et Andy Schleck, notamment.
Enfin, El Pistolero est rentré dans le cœur des suiveurs grâce à ses attaques lointaines, offrant des scénarios de course que l'on pensait révolus. Comment ne pas citer son attaque sur le Tour de France 2011 dans le col du Télégraphe à 90km de l'arrivée ? Comment ne pas se remémorer son offensive sur les pentes du Mortirolo, à 40km de l'arrivée, sur le Giro 2015 alors qu'il est leader de la course ? Si toutes ses offensives n'ont pas été fructueuses, on ne pourra lui enlever son panache et son envie de surprendre ses adversaires, quitte à tout perdre... pour gagner !
Sa plus belle envolée : Fuenté Dé, un chef-d'oeuvre et une Vuelta renversée !
Choisir la plus belle victoire du Pistolero n'a pas été aisé tant ses coups d'éclat sont légion. Mais s'il fallait en sélectionner une, alors il faudrait revenir sur cette magnifique étape de la Vuelta 2012 à Fuenté Dé.
Contador revient sur la Vuelta après 6 mois de suspension liée à son contrôle positif au clenbuterol sur le Tour de France 2010. Revanchard, il aborde ce Tour d'Espagne avec envie.
Pourtant, 2 semaines durant, il va être muselé par son compatriote Rodriguez. S'il élimine progressivement Froome et Valverde dans la lutte pour le maillot rouge, ses attaques incessantes se brisent net sur la muraille "Purito".
A 4 jours de l'arrivée, il choisit de changer de tactique pour enfin surprendre son adversaire. La collada la Hoz, modeste ascension située à 50 km de l'arrivée de la 17e étape, lui sert de tremplin pour une offensive kamikaze, comme il la qualifiera après-course. Dans l'ultime montée menant à Fuenté Dé, l'impensable se produit. Rodriguez, jusqu'à présent leader incontesté de la course, sombre et perd près de 3 minutes dans l'affaire. Devant, Contador exulte : il remporte l'étape et récupère la première place du classement général. Son offensive d'envergure, placée au bon moment, lui permet de renverser la Vuelta et de s'imposer pour la seconde fois sur l'épreuve espagnole. "C’était un grand moment de cyclisme" s'enthousiasmait alors son directeur sportif Bradley McGee.
Le Tour de France, entre promesse et frustration
Détenteur d'un palmarès riche à faire saliver n'importe quel coureur en activité, comment ne pas être toutefois surpris à la lecture de ses performances sur le Tour de France ?
Ses 2 victoires finales dans le Tour (2007 et 2009) et ses 2 victoires en montagne (Plateau de Beille 2007 et Verbier 2009), seulement, ne reflètent en rien ses qualités physiques extraordinaires et l'impact qu'il a eu sur la plus grande épreuve du monde et le cyclisme en général. Cela laisse cependant beaucoup de regret. Une victoire de plus et il serait tout en haut de notre classement.
En remportant haut-la-main la Grande Boucle 2009, on lui promettait alors une domination sans partage sur le Tour, promesse qui finalement ne se réalisera jamais. On attendait certainement mieux, sans doute, de la part de l'Espagnol, avec davantage de victoires en montagne. Et même s'il est longtemps resté performant sur la Grande Boucle en multipliant les places d'honneur, force est de constater que ses deux (petites) victoires en montagne font pâle figure face aux résultats d'un Pogacar ou d'un Nibali, plus performants à ce niveau-là.
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