Pas le plus grand des grimpeurs, ni le plus grand des puncheurs, Fédrigo compensait parfaitement ses lacunes par une science tactique hors norme alliée à une endurance exceptionnelle. Un attaquant unique qui jouait parfaitement avec ses armes. On vous décrypte.
Retraité depuis janvier 2017, Pierrick tient une chambre d'hôte dans son Lot-et-Garonne natal. Une nouvelle échappée loin du monde professionnel.
L'homme peut se plaire à raconter comment il a réussi une formidable carrière alors qu'il était proche d'arrêter suite à deux premières années pros accumulant des pépins physiques. Depuis, Fedrigo s’est rattrapé en devenant un des plus grands coureurs français de la période 2000-2012. Lui qui préfère être dans l'anonymat et loin des gens, cultive donc le paradoxe d'être souvent à l'avant du peloton.
Pourquoi lui ?
Pierrick le taiseux faisait surtout parler de lui en course. Redoutable chasseur d’étapes, il a remporté de grandes courses à l’instar de ses 4 victoires d’étapes sur le Tour de France. Plutôt à l’aise en France, Fédrigo a remporté la majeure partie de ses courses sur le sol tricolore (une seule hors territoire). Vainqueur sur le Critérium International, il a aussi remporté une belle victoire d'étape sur le Dauphiné, en solitaire, comme souvent. En tout, il aura obtenu 10 victoires en prenant l'échappée matinale.
Attaché à ses racines et ses valeurs, il n’a jamais tenté l’aventure à l’étranger alors que les équipes de classiques belges lui faisaient les yeux doux. Il s’est consacré entièrement aux équipes Françaises (FDJ, BBox télécom) et leur a bien rendu la confiance qu’elles avaient en lui. Fait marquant de sa carrière, il a remporté un titre de champion de France en 2005 qui lancera définitivement sa carrière.
Monsieur panache
Pierrick est un vrai baroudeur de montagne. Ses victoires sur le Tour en témoignent. La première remonte à la 14ème étape du Tour 2006 où étaient répertoriés 4 cols de 2ème et 3ème catégorie. Un parcours cassant permettant au jeune Français de régler l’Italien Commesso sur la ligne. Autre fait d’armes montagneux, sa deuxième victoire d’étape à Tarbes s’obtenait après les ascensions de l’Aspin et du Tourmalet en 2009. Enfin, ses 3ème et 4ème victoires se célébraient à Pau en 2010 et 2012. La troisième en escaladant l’Aubisque et le Peyresourde en plus de l’Aspin et du Tourmalet (encore) et la quatrième après un nouveau parcours vallonné.
Il n‘y a pas que sur le Tour que Pierrick glanait ses succès dans les cimes. Sur le Critérium International dans les massifs Corses et sur le Dauphiné avec son passage à l’Izoard, il raflait encore les bouquets finaux. On ne compte pas ses multiples places d’honneur acquises sur des courses très accidentées.
Pas toujours gagnant, mais très souvent placé, Pierrick Fédrigo aimait l’aventure et les courses difficiles afin de mettre à profit son incroyable résistance. Très rapide en petit groupe, sa pointe de vitesse et son placement intelligent lors des sprints lui permettaient de régler souvent ses adversaires d’échappée.
Sa belle échappée :
Le 16 Juillet 2012, sur l’étape 15 du Tour de France entre Samatan et Pau, Pierrick le Grand remportait sa 4ème et dernière étape sur la Grande Boucle.
Ce jour-là, l’échappée mettait 65km à se dessiner suite à de nombreuses tentatives infructueuses. Finalement, 5 coureurs sortent du lot et non des moindres : Voeckler, Devenyns, Sam Dumoulin, Vandevelde et notre ami Pierrick. Ils seront rejoints à 20km de l’arrivée par Nicki Sorensen. Une belle bande de baroudeurs.
Dans les 10 derniers kilomètres, les premières escarmouches commençaient au sein du groupe de fuyards. Nicki Sörensen y allait par deux fois, mais c’est Fedrigo qui lançait l’attaque décisive à 7 kilomètres du but. Si Vandevelde parvenait à suivre le sillage du coureur FDJ, c’était fini pour les autres. Dans la dernière ligne droite, Fedrigo, plus véloce, s’imposait sans difficulté face à son adversaire américain. Sa science tactique avait encore parlé.
« J’avais déjà gagné sur cette ligne d’arrivée, je la connaissais parfaitement. Dès le départ, c’était des routes qui me convenaient et c’était mon jour, » racontait-il à l’arrivée. « Tout le monde pensait que j’attendrais le sprint final. J’ai laissé faire les attaques et j’ai trouvé une ouverture. Je suis parti tout seul et Christian Vandevelde m’a rejoint puis j’étais le plus rapide au sprint ».
Pierrick, coureur de talent et à l’humilité sans faille, gagnait de nouveau à Pau en déployant toutes ses compétences : vélocité, sens tactique, endurance.
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