Venu du cyclo-cross à l’image de son compatriote Wout Van Aert ou de Mathieu Van der Poel, Thibau Nys se fait peu à peu sa place sur la route. A 21 ans, le Belge de la Lidl-Trek ne cesse de grandir et de se façonner un profil assez unique qui lui ouvre la voie à de nombreux succès sur tous les terrains.
La génétique n’est pas une assurance de succès, encore moins dans le cyclisme, mais à l’image de Mathieu van der Poel avec Raymond Poulidor et Adrie van der Poel, le vélo est une histoire de famille pour Thibau Nys. Son père, Sven, fut double champion du monde de cyclo-cross (2005 et 2013) et gagna 3 Coupe du monde (2000, 2002 et 2009) et 13 Superprestige. Un des plus beaux palmarès de la discipline. Et pourtant. Pour Sven Nys, Thibau est d’une autre dimension. "Il a plus de talent que moi, expliquait-il pour la RTBF. Il est plus explosif, il a vraiment tout pour se construire une très belle carrière".
Le chrono, son seul point faible
Celle-ci a commencé très fort en cyclo-cross, avec deux Coupes du monde, un Superprestige et deux titres mondiaux chez les Juniors puis les Espoirs, à l’image de son père. Mais pas seulement. "Il est surtout plus fort que moi sur la route", admet Sven. Champion d’Europe espoir 2021, le Belge de la Lidl-Trek explose aux yeux du monde en mai 2023 en remportant en deux semaines son premier succès professionnel (2e étape du Tour de Norvège) avant de s’offrir le Grand Prix des Cantons d’Argovie devant Marc Hirschi ou Pello Bilbao, excusez du peu. Les bases sont posées : Thibau Nys connait désormais son profil.
"Je ne me considère pas comme un pur sprinteur mais plutôt comme un puncheur léger, expliquait-il pour DirectVelo. J'ai mes points forts et le contre-la-montre, c'est mon point faible". On s’en est notamment aperçu sur le dernier Tour de Romandie où au lendemain de la prise du maillot jaune de leader sur les pentes de la montée des Marécottes, le Belge de la Lidl-Trek avait fini loin sur le chrono d’Oron (71e, 1’37’’ de perdues). Excellent puncheur, grimpeur correct quand la difficulté est modérée, avec une bonne pointe de vitesse, Thibau Nys sait presque tout faire. Mais vous ne le verrez jamais dans un sprint massif.
Van der Poel est un exemple pour moi
"Les sprinteurs sont des c*******, ce qu’il se passe dans un sprint est parfois criminel, explosait-il dans LeMatin sur le dernier Tour de Romandie. Littéralement criminel. À 65-70 km/h, on peut voir des coureurs en repousser d’autres à la main. Je ne veux pas être associé à eux". Alors vers quel profil se tournera t-il ? "Il a exactement les mêmes caractéristiques qu’un Zdeněk Štybar, analysait pour Eurosport Steve Chainel en 2023. Il a une grosse puissance, il est explosif dans les bosses et pour gagner un sprint même massif, poursuit Chainel. Il me fait aussi penser à Julian Alaphilippe qui a été vice-champion du monde Juniors et champion de France Espoirs de cyclo-cross. A l'avenir, je ne serais pas surpris de voir Thibau faire comme Julian, à savoir lancer des sprints massifs mais jouer sa carte quand il faut passer les bosses".
Qui dit Stybar (deux 2e place sur Paris-Roubaix) dit classiques Flandriennes, qui dit Alaphilippe (3 Flèche, 2 titres mondiaux, 1 Milan-Sanremo) dit classiques ardennaises. Un double profil à la Mathieu Van der Poel en quelque sorte. "Van der Poel est hors catégorie, il a un talent exceptionnel, avoue Nys. Je ne suis pas au même niveau mais c’est un exemple pour moi". Ce fan de Fabian Cancellara quand il était plus jeune rêve forcément de pavés, lui qui y avait décroché son premier podium professionnel en mai 2022, à l’occasion de l’Antwerp Port Epic / Sels Trophy (3e). Avec une petite préférence pour les pavés du Nord de la France… "Roubaix est sans doute la plus belle, explique le Belge. Mais le Tour des Flandres aussi (rires). Le Ronde est très difficile mais pas autant que Roubaix, qui est encore plus prestigieux je trouve". Nul doute que Nys brillera à l’avenir sur les classiques flandriennes mais, récemment, le profil du Belge de 21 ans a semblé plus se tourner vers le profil d’une autre légende : Alejandro Valverde.
Nys, un futur fantastique ?
Vainqueur d’étape en échappée au sommet des Marécottes (7,6km à 7,5%), Nys a remis ça sur le Tour de Hongrie 2024 en dominant à la pédale des grimpeurs comme Emmanuel Buchmann ou Wout Poels au sommet de Gyöngyös-Kékestető (12,1km à 5,6%). Des performances assez folles mais qui rappellent qu’après tout, lorsqu’il avait été champion d’Europe espoir à Trente en 2021, il avait résisté aux assauts de grimpeurs comme Juan Ayuso, Lennert Van Eetvelt et Filippo Zana sur les 10 ascensions de Povo (3,6km à 4,7%). A 21 ans, Thibau Nys donne l’impression de pouvoir tout faire, sur tous les terrains. S’il semble évident qu’il délaissera volontairement les sprints massifs, le Belge de la Lidl-Trek parait taillé pour enchainer les victoires d’étapes sur les profils difficiles, tout en se tournant vers les classiques, flandriennes comme ardennaises. Un mix entre Mathieu van der Poel et Alejandro Valverde en quelque sorte. Et c’est tout dire du potentiel assez fou de Thibau Nys. Le potentiel d'un futur fantastique.
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