4e Pro Team en 2024, TotalEnergies a subi plusieurs déconvenues en peu de temps : outre le choix d’Alaphilippe de rejoindre Tudor, Total s’est vu refuser des invitations sur Milan-San Remo ou d’autres grandes classiques au profit de Tudor, Q36.5 ou d’autres Pro Teams locales. De quoi mettre les Vendéens en danger, notamment sur le Tour de France.
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« Le Tour de France est vital pour nous, c’est évident ». Ces mots sont ceux de Jean-René Bernaudeau, prononcés à notre micro en novembre dernier. Pro Team historique du peloton mondial, la formation vendéenne espère qu’ASO, organisateur de la Grande Boucle, lui renouvellera sa confiance avec une nouvelle invitation à participer à la plus grande course au monde en juillet prochain. Car la déclaration du Vendéen de 68 ans est plus vraie que jamais : face à l’enjeu crucial des points UCI et surtout à l’émergence de plusieurs Pro Teams à l’ambition affirmée, la concurrence est plus forte que jamais pour obtenir ce précieux sésame. Et ce n’est pas garanti.
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3e meilleure pro Team en 2022, l’ancien Team Europcar a échoué à la 4e place ces deux dernières saisons. Une différence très importante : si les deux meilleures Pro Teams sont invitées automatiquement pour toutes les courses World Tour l’année suivante, la 3e est elle invitée aux courses WT d’un jour. Mais les autres sont soumises à la dure règle des invitations. Deux sur les Grands Tours, et jusqu’à 4 pour les courses d’un jour. En tant que membre habitué du top 4 des Pro Teams, TotalEnergies a donc, sur le papier, de bonnes chances de participer aux principales courses qui l’intéressent. Malheureusement pour les Vendéens, 2025 ne semble pas partir sous les meilleures auspices.
TotalEnergies snobée par RCS et Flanders Classics
Car comme en 2024, les premières annonces sont loin d’être réjouissantes. Hormis les courses organisées par le géant français ASO (Paris-Nice, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège ou Dauphiné), Total n’a été invitée qu’à Gent-Wevelgem et à l’Amstel Gold Race. Pas de Milan-San Remo, où Turgis a pourtant obtenu trois top 10 dont un podium entre 2021 et 2023, ni d’Omloop Het Nieuwsblad ou de Ronde. Des choix parfois surprenants, mais qui relève d’une triste réalité : 2 critères principaux rentrent en compte dans le choix des invitations d’un organisateur. Le premier est la nationalité de l’équipe : un organisateur privilégiera toujours une équipe locale, et est même incité à le faire par le règlement UCI. Or les courses précédemment citées se jouent en Italie ou en Belgique, et le nombre de Pro Teams locales est important. Bien que moins bien classées que TotalEnergies et moins à même d’obtenir un résultat, des équipes comme VF Group-Bardiani CSF-Faizanè, Team Polti Kometa en Italie ou Wagner Bazin WB et Team Flanders Baloise en Belgique seront toujours privilégiées au détriment des Vendéens pour les courses en Belgique ou en Italie.
Les recrutements de Hirschi, Alaphilippe et Pidcock : des coups durs pour Total
A moins de faire la différence sur le 2e critère : la qualité de l’effectif et surtout des têtes d’affiche. Et là, la concurrence a frappé fort : tandis que Tudor a recruté Hirschi et Alaphilippe (le second au nez et à la barbe de Bernaudeau), Q36.5 s’est offert Tom Pidcock, tenant du titre à l’Amstel Gold Race. Soit trois noms qui peuvent jouer le podium sur les Ardennaises et autres classiques italiennes comme La Primavera. Un coup très dur qui semble sonner le glas des espoirs vendéens sur la plupart des classiques de printemps. Restent les Flandriennes, mais là aussi, les deux PT suisses ont de belles cartes, tandis que nombre de Pro Teams belges bénéficieront de la préférence nationale. Pourtant, ces différentes équipes sont moins bien classées que TotalEnergies sur les dernières années, et les Vendéens n’ont pas à rougir de leurs performances passées : outre Turgis en Italie, Tesson s’était classé 4e de Brugge-De Panne l’an passé, ou Jeannière 6e de Kuurne-Brussel-Kuurne.
2025 s’annonce donc frustrant pour les hommes de Bernaudeau, qui se trouvent face à un défi sur le papier impossible : résister face aux nombreuses Pro Teams ambitieuses (Uno-X, Tudor, Q36.5, Unibet-Tietema) en marquant plus de points UCI, sans participer aux plus grandes courses. Une tâche ardue, mais pas impossible, en marquant un maximum de points sur des courses Pro Séries ou de classe 1 délaissées par les grosses écuries. Reste une inconnue : le Tour de France. Si les rumeurs parlent d’une possible invitation supplémentaire pour les Pro Teams cette année, TotalEnergies semble protégée pour 2025, puisque Q36.5 n’a pas candidaté. Mais cette situation est-elle tenable sur le long terme ? Cette saison est celle de tous les dangers pour l’ancien Team Europcar, qui devra de nouveau démontrer sa résilience et ses valeurs pour garder sa place dans l’élite cycliste.
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