Surnommé « Il Falco » (le faucon) en raison de ses qualités de descendeur, l’Italien restera comme un coureur complet capable de briller sur les courses par étapes. S’il a connu des fortunes diverses sur les Grands Tours, Savoldelli a écrit ses lettres de noblesse sur le Tour d’Italie, en remportant l’épreuve à 2 reprises.
Devenu professionnel en 1996, Paolo Savoldelli s’est construit, tout au long de sa carrière, un palmarès solide. Très bon rouleur, à l’aise en montagne et formidable descendeur, il apparait alors comme un coureur complet et régulier. Lorsqu’il prend sa retraite en 2008, le Lombard compte 27 victoires à son actif, avec notamment 2 victoires finales sur le Giro, en 2002 et 2005. S’il fait partie de cette génération italienne ayant dominé de la tête et des épaules le Tour d’Italie entre 1997 et 2007 (11 victoires finales italiennes de rang), ses victoires resteront moins significatives que celles acquises par ses compatriotes tels que Marco Pantani ou Gilberto Simoni. Reconnu comme le meilleur descendeur de son temps, Paolo Savodelli a pourtant marqué son époque. Un paradoxe.
Le Giro comme terrain d’expression
Après 2 saisons au sein de la modeste formation italienne Roslotto-ZG Mobili, Savoldelli rejoint la mythique Saeco en 1998. Considéré comme un coureur prometteur après avoir remporté 2 années de suite le Tour du Trentin, il découvre pour la première fois le Tour d’Italie en 1999. Il va se révéler aux yeux du grand public. Dans un Giro marqué par l’exclusion du leader Marco Pantani la veille de l’arrivée en raison d’un taux d’hématocrite supérieur aux 50% règlementaires, Savoldelli va briller en occupant la 2ème place du classement général derrière Ivan Gotti avec, en prime, une victoire d’étape à Borgo San Dalmazzo. On découvre alors ce jour-là un jeune coureur capable de rouler, grimper et descendre ! L’avenir lui appartient.
Pourtant, la confirmation tarde à arriver. Ses 2 saisons suivantes sont décevantes. Vainqueur du Tour de Romandie en 2000, il passe à côté de ses Giro 2000 et 2001 et se présente sur l'édition 2002 dans la peau d’un outsider. Alors qu’on ne l’attendait pas, il va l’emporter à la surprise générale. Comme en 1999, l’épreuve est secouée par des affaires de dopage : les favoris Stefano Garzelli et Gilberto Simoni sont exclus de la course. L’épreuve se cherche alors un leader et Savoldelli saisit l’opportunité s’offrant à lui : il récupère le maillot rose après la défailllance du leader australien Cadel Evans au soir de la 17e étape et remporte ainsi son premier Tour d’Italie à Milan. C’est la consécration.
L’adage « le succès appelle le succès » ne se vérifie malheureusement pas toujours. Passé chez Telekom (puis T-Mobile) en 2003, ses 2 saisons dans l’équipe allemande sont plus que décevantes, ne parvenant pas à retrouver le chemin de la victoire. Il rebondit alors en 2005 au sein de la structure de Lance Armstrong, la Discovery Channel. Le rebond se transforme en renaissance. Présenté à nouveau comme simple outsider, Savoldelli déjoue les pronostics. Il fait jeu égal avec les meilleurs coureurs et s’impose à Zoldo Alto lors de la 11e étape. Il profite ensuite de la défaillance d’Ivan Basso, alors favori de la course, pour ravir le maillot rose et s’adjuger un second Giro.
Les années 2006 et 2007 le verront toutefois descendre dans la hiérarchie. Remportant le prologue de l’épreuve en 2006, il ne pourra rien faire face à un Ivan Basso déchaîné et survolant les débats. Il finira toutefois 5ème de l’épreuve et vainqueur du classement combiné. L’année suivante, il achève la course à une décevante 12ème place malgré une victoire sur le dernier contre-la-montre à Verone.
Une histoire contrariée avec le Tour de France
Performant sur les routes italiennes, Savoldelli ne trouvera jamais la bonne carburation sur les deux autres Grands Tours, ne pouvant pas prétendre à un bon classement général.
L’Italien n’achèvera ainsi aucun de ses 3 Tour d’Espagne, abandonnant l’épreuve en 1998, 2001 et 2002. Son bilan sur le Tour de France est toutefois plus mitigé : en 6 participations, sa meilleure performance sur la Grande Boucle demeure sa 25e place finale acquise en 2005. Cette année-là, non seulement il contribuera activement au 7e succès de Lance Armstrong en remportant le contre-la-montre par équipes entre Tours et Blois, mais il ira également chercher une belle victoire sur la 17e étape et la route de Revel. Une année 2005 pleine mais qui ne fera pas oublier ses abandons en 1999 et 2006 ou son exclusion de l’épreuve avec l’ensemble de son équipe Astana en 2007.
L'histoire d'un vainqueur oublié ?
S’il jouit d’un palmarès que beaucoup de coureurs peuvent lui envier, quelle place Savoldelli laissera-t-il dans la fantastique histoire du cyclisme ? Car force est de constater qu’au-delà des frontières italiennes, son nom a pu quelque peu glisser dans l’oubli.
Révélé sur le Giro 1999 et vainqueur en 2002, l’histoire a surtout retenu de ces éditions-là les affaires de dopage venues rythmer son scénario, reléguant au second plan, sans doute, ses belles heures de gloire. Aussi, Savoldelli aura évolué dans une décennie marquée par une domination italienne outrageuse sur les routes du Giro, rendant ses succès « moins marquants » face à des légendes telles que Marco Pantani ou Gilberto Simoni. A l’époque moins internationalisé et moins médiatisé, le Giro a évolué dans l’ombre du Tour de France, présentant ainsi au départ de l’épreuve les meilleures équipes sans forcément aligner les meilleurs coureurs, contribuant sans doute à relativiser l’impact des performances des champions. Assez, finalement, pour faire oublier les exploits de Savoldelli ?
On se souviendra toutefois de l’Italien comme un coureur complet et régulier, roi de la descente. Et vainqueur de 2 Giro d'Italia. Une trace indélébile dans l'histoire.
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