Après 9 saisons passées chez AG2R, Romain Bardet a décidé de changer d’ère et d’air en rejoignant le Team DSM (ex-Sunweb). Un changement qui doit lui permettre de retrouver des résultats sur les Grands Tours et pourquoi pas de remporter une Classique d’envergure.
« Je crois que l’on va avoir de très bonnes surprises avec Romain Bardet cette saison, j’en suis convaincu. » Ces mots ne viennent pas d’un simple fan de l’Auvergnat, mais bien d’Alexandre Geniez, son compère pendant 4 saisons au sein de la formation AG2R La Mondiale. L’Aveyronnais, qui a aussi quitté les Terre-et-ciel pour le Team Total Direct Energie, nous confiait que le choix de Bardet de s’exiler en Allemagne au Team DSM (ex-Sunweb) était d’une logique implacable, tant le sérieux et le professionnalisme du Français collaient avec la formation d’Outre-Rhin. Et en effet, après avoir passé toute sa carrière professionnelle au sein de l’équipe tricolore basée à Chambéry, Romain Bardet a fait un choix décisif, mais peut-être pas si risqué que certains ne le pensent. Leader absolu chez AG2R, il a atteint le podium du Tour par deux fois, enchaîné 5 top 10 au classement général et empoché 3 étapes. Mais depuis 2018, il ne parvenait pas à passer ce palier décisif pour le propulser en haut du podium. Un changement d’ère s’imposait.
Son début de carrière :
Et quand on parle de changement d’ère, on pourrait même évoquer une nouvelle vie. Auvergnat de naissance, Bardet a fait toutes ses classes chez AG2R. Avant de passer pro en 2012, il s’est formé au sein de la structure locale Chambéry Cyclisme Formation (CCF) qui a également vu éclore des grands talents comme Pierre Latour, Alexis Vuillermoz ou Clément Venturini. Déjà chez les espoirs, il se montrait comme un jeune grimpeur prometteur. Puis il s’est affirmé chez les pros, s’offrant une première victoire d’étape sur le Tour 2015, avant de chercher au panache la 2e place de l’édition 2016, grâce à sa victoire à Saint-Gervais en solitaire. De quoi placer des attentes très hautes, avec la pression qui s’en suit. En 2017, celle-ci est peut-être à l’origine de sa défaillance lors du chrono de Marseille, où il sauva sa place sur le podium à une petite seconde aux dépens de Mikel Landa.
Deux podiums de suite puis une 6e place en 2018 : la régularité de Bardet au plus haut niveau le classe parmi les meilleurs coureurs par étapes de la décennie. Pourtant, une statistique donne un certain contraste à sa période AG2R : 7 victoires. En 9 saisons pro, l’Auvergnat n’a levé que 7 fois les bras. 3 fois sur le Tour, donc, et 4 autres victoires sur le sol tricolore : le général du Tour de l’Ain 2013, la Valence Drôme Classic 2014, la Classic de l’Ardèche en 2018 et une étape du Dauphiné en 2015. Un bilan qui ne correspond pas aux ambitions du Français.
Gagner des courses :
Et c’est peut-être là la raison majeure de son départ vers le Team DSM. « Par le passé, j’ai couru les classiques en gardant un œil sur le Tour. Maintenant, je vais élargir mon registre sur les Classiques pour m’enrichir en tant que coureur et prendre ma place au sein du collectif DSM », nous expliquait-il en décembre dernier. Venu chercher « d’autres espaces d’expression », Bardet compte bien consacrer une importante partie de son programme aux classiques, notamment ardennaises. S’il n’a remporté que deux courses d’un jour dans sa carrière, le Tricolore possède quelques références sur de grandes courses d’un jour, comme en témoignent ses deuxièmes places sur Liège-Bastogne-Liège et le Mondial en 2018. Mais le Français pense aussi à d’autres courses, comme la Flèche Walonne ou le Tour des Flandres, qu’il a « couru cette année et je pense avoir montré de bonnes choses sur les monts, les gros pourcentages m’aident et j’aimerais le refaire ».
Mais la priorité pour Bardet, d’après ses dires, reste son intégration dans un collectif jeune, talentueux et polyvalent. « J’arrive ici comme un coureur d’expérience mais je ne serai pas leader absolu comme chez AG2R. Je ne serai pas toujours dans une optique de résultats personnels, mais plutôt sur la performance de l’équipe », nous expliquait-il. Et son intégration ne devrait pas être compliquée, puisqu’il retrouve son grand ami Nicolas Roche, son « premier leader », et aussi un pays qu’il connait bien. En 2018, il nous confiait son affection pour l’Allemagne, où il a « de superbes souvenirs de [ses] échanges du lycée dans la région de Leipzig ». S’il a appris l’allemand lors de ses études, il avoue parler anglais avec ses nouveaux collègues, très internationaux. Mais il se sent proche de la culture du pays, et devrait profiter de ces atouts pour s’intégrer et briller dès cette année.
Nos attentes :
Bien qu'il n'ait toujours pas dévoilé son programme de course, ni même d'objectifs précis pour cette saison, nous attendons de Romain Bardet qu'il revienne sur le devant de la scène et au niveau qui était le sien en 2016 et 2017. Que ce soit sur le Tour de France ou le Giro, qui l'attire depuis longtemps, le grimpeur auvergnat doit viser le podium. Son début de Tour 2020 a montré qu'il faisait toujours partie des tout meilleurs en montagne. Même si sa formation ne lui sera pas entièrement consacrée comme lors de sa période chez AG2R, le natif de Brioude portera moins de pression et pourrait bien en tirer les bénéfices.
Mais contrairement aux autres années, on ne l'attend pas que sur 3 semaines. Il l'a dit lui-même, les classiques feront partie intégrante de son programme de course. On espère le voir accrocher une belle victoire, pourquoi pas sur les Ardennaises. Le départ de Marc Hirschi en début de saison pourrait lui faire de la place au sein du collectif DSM. Enfin, une saison réussie dépendra d'une victoire dans une course d'envergure. L'expérience et la science de la gagne du Team DSM pourraient lui permettre de franchir un palier dans ce sens.
Ses derniers résultats marquants :
7e Paris-Tours 2020
6e Dauphiné 2020
9e Amstel Gold Race 2019
5e Paris-Nice 2019
2e Championnats du monde 2018
6e Tour de France 2018
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