Nouvelle pépite du cyclisme français, Paul Magnier ne cesse de briller sur les courses d’un jour depuis un an, à l’image de sa récente 2e place sur l’Omloop Het Nieuwsblad. Le voir performer sur les Monuments, comme Milan-San Remo dont il prendra le départ samedi, serait une suite logique.

Il y a des courses que l’on rêve de gagner, sans en avoir le profil, et d’autres qui sont taillées pour nous, mais ne cessent de nous échapper. A 21 ans, Paul Magnier n’en est pas encore au stade de la frustration mais il rêve déjà en grand. "Le maillot arc-en-ciel, ça serait fou, avouait le Franc-Comtois d'origine texane pour Le Dauphiné. Le porter toute une saison…" Il faudra pour cela attendre un profil plus propice que celui de Kigali, trop dur sans doute pour le Tricolore, qui a dû faire des choix en arrivant chez les professionnels.
J'ai pris un peu de poids cet hiver en vue des classiques
"Quand j'ai gagné ma première victoire dès ma première course l'an dernier, je m’étais dit ‘Je suis fort, j’ai ma place dans le peloton pro’, racontait le Tricolore au Dauphiné. Et le lendemain, sur un profil plus montagneux je me suis fait défoncer ! C’est là que j’ai compris qu’il était impossible d’être grimpeur et sprinteur en même temps. En U23, chez les juniors, j’avais cette possibilité de faire un peu tout. Pas là. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai pris un peu de poids cet hiver en vue du sprint et des classiques". Un choix qui s'est avéré payant vu son début de saison. Vainqueur d'étape sur un sprint en côte sur l'Etoile de Bessèges, Paul Magnier a ensuite brillé sur les classiques, avec trois 2e place sur la Figueira Classic, l'Omloop Nieuwsblad et le Samyn. Un terrain varié qui laisse une certaine zone d'ouverture du le profil du Tricolore.
Est-il un pur sprinteur ? Un sprinteur-puncheur ? Un classicman rapide ? Ce qui est certain, c'est qu'il ne faudra pas compter sur lui pour être le successeur de Bernard Hinault sur le Tour de France. "Non, ça ne m'intéresse pas, avouait-il l'an passé dans le podcast "Entretien d'Embauche" avec DirectVelo et Velobs. Participer au Tour, oui. Gagner des étapes sur le Tour, évidemment. Mais gagner le général n'est pas imaginable pour moi. Je suis bien trop lourd". Mais le cyclisme n'est pas que le Tour de France et son profil semble bien taillé pour d'autres courses de légende. "Une course comme Paris-Roubaix, dans quelques années, doit lui convenir, assure son équipier Yves Lampaert pour L'Equipe. Il a vraiment le gabarit pour être le nouveau Tom Boonen". Une comparaison qui fait du sens, même si le Français est un peu léger par rapport au Belge (1,87m pour 70kg contre 1,92m pour 82kg).
Le pied du Poggio, la clé pour Paul Magnier sur Milan San Remo, même en 2025
Son palmarès correspond d'ailleurs assez bien aux ambitions du Tricolore : un titre mondial (2005), des étapes et un maillot vert sur le Tour et 7 Monuments. Mais pas Milan-San Remo, une hérésie vu sa régularité (2e en 2010, 3e en 2007, 4e en 2006) et son profil qu'aimerait bien effacer Paul Magnier. Et franchement, il y a de quoi y croire. Après tout, le Français a déjà montré depuis le début de sa carrière que les longues distances ne l'effrayaient pas, comme en témoignent sa 2e place l'an dernier sur la Bretagne Classic (260km), certes 40km plus courte que la Primavera. Son profil de sprinteur-puncheur, d'homme rapide qui passe bien les bosses courtes, semble taillé pour le premier Monument de la saison, à l'image d'un Wout Van Aert ou d'un Mads Pedersen. Mais ça ne suffit pas.
"Il faut aussi de la chance et les jambes au bon moment", rappelait justement Yves Lampaert. Il faut surtout savoir gérer 250 kilomètres d'ennui avant 50km de folie et de nervosité, où la gestion de la pression et le placement sont prépondérants, surtout au pied du Poggio. "Je ne suis pas le meilleur pour me placer mais j'arrive à bien gérer la pression, expliquait-il dans le podcast "Entretien d'Embauche". J'aime être leader et je ne me rate pas souvent dans ces cas-là. Quand je vise un objectif, je me mets à 100% dedans et ça me met moins la pression car je sais que j'ai tout mis en place pour y arriver". Milan-San Remo a tout du gros objectif du début de saison pour Paul Magnier et, ce, dès 2025.
Soudal-Quick Step sait y faire sur la Primavera
Le Français s'y présentera comme la carte maitresse de la Soudal-Quick Step et on sait la capacité de la formation belge à mettre ses leaders en bonne position aux moments-clés. Après tout, on parle d'une équipe vainqueur à trois reprises de la Primavera, avec Bettini (2003), Pozzato (2006) et Alaphilippe (2019). A chaque fois dans un sprint plus ou moins large. Il faudra bien sûr tenir la roue de l'homme à battre, Tadej Pogacar, mais aussi de Mathieu Van der Poel, qui l'a battu récemment au Samyn. Mais si cela venait à se regrouper ensuite, à l'instar de l'an passé ou de 2016, nul doute qu'il faudra compter sur Paul Magnier. Et qu'il ne sera pas loin de la vérité.
Quoiqu'il en soit, que ce soit pour 2025 ou dans le futur, Paul Magnier semble taillé pour Milan San Remo et on espère le voir succéder à Julian Alaphilippe, qui avait la double casquette "français" et membre de la Soudal Quick Step, dans les années à venir.
Comments