Paris-Roubaix : Top 5 des vainqueurs surprises sur l'Enfer du Nord
- Titouan Lallemand
- il y a 4 jours
- 5 min de lecture
Paris-Roubaix est le plus célèbre des Monuments pour son tracé atypique, rempli de pavés. C'est une course unique en son genre qui a marqué l'histoire du cyclisme depuis sa création. Et l'épreuve nous offre régulièrement des scénari fous avec des vainqueurs improbables. Voici donc un top 5 des vainqueurs surprises de Paris Roubaix au 21e siècle.

La liste a été difficile à faire, non pas parce qu'il y en a peu, mais plutôt parce qu'il a fallu faire des choix car les vainqueurs surprises sont nombreux en 25 ans. Partons à la découverte de notre top 5.
Top 5 des vainqueurs surprises sur Paris-Roubaix
5 - Sonny Colbrelli 🇮🇹 - Bahrain Victorious - Paris Roubaix 2021
Ce n'est qu'un au revoir ! Ce sera quasiment la dernière course de sa carrière, avant qu'il ne fasse un grave malaise et stoppe sa carrière subitement. Mais quelle course ! Jamais l'Italien n'a semblé aussi fort qu'en 2021. Jamais mieux que dans le top 20 UCI, il a terminé 6e cette année-là.
A 31 ans, Colbrelli découvrait l'Enfer du Nord. Une première participation qui restera historique puisqu'il reste sur un 100% ici ! Et pourtant, on était parti pour avoir une autre surprise puisque Gianni Moscon semblait s'envoler vers la victoire avant de chuter et crever, dans des conditions dantesques. Derrière, Mathieu Van der Poel enchainait les attaques, espérant décrocher son premier succès sur le sol du Nord de la France. Mais Sonny Colbrelli était impossible à lâcher. Pire, il semblait voler et était même entreprenant.
Les problèmes à la chaine de Moscon ont fini par venir à bout de ses espoirs et cela s'est joué dans un sprint à 4. Et à la surprise générale, Colbrelli a réglé Van der Poel pour décrocher la plus belle victoire de sa carrière, la dernière !
4 - Stuart O'Grady 🇦🇺 - CSC Pro Team - Paris Roubaix 2007
En 2007, la nouvelle génération des pavés a pris la main. Exit les Van Petegem ou Museeuw et bonjour aux Boonen et Cancellara, tenant du titre en 2005 et 2006. Les deux prodiges de l'époque sont logiquement les favoris au même titre que Leif Hoste ou Antonio Flecha.
Dès les premiers pavés, c’est une hécatombe : crevaisons, chutes, bordures. Le peloton vole en éclats à chaque secteur. Fabian Cancellara, en bon champion sortant, attaque à 80 km de l’arrivée, mais la course est trop nerveuse pour qu’il s’isole. Puis, le groupe de tête se dessine : Ballan, Flecha, Hoste, O’Grady, Hushovd, et d’autres costauds. Les attaques fusent, les défaillances aussi.
Et là, CSC joue un coup gagnant : O’Grady attaque à 26,5 km de l’arrivée, en contre derrière un groupe de tête fatigué. Personne ne réagit vraiment. Il fait le trou, résiste sur les derniers secteurs, notamment le Carrefour de l’Arbre, et fonce vers le vélodrome.
Sur le mythique anneau de Roubaix, Stuart O’Grady n' croit pas. À 33 ans, il remporte la plus grande victoire de sa carrière, lui le sprinteur devenu classicman, reconverti en guerrier des Flandriennes. Son seul Monument en carrière. Avant cela, il n'avait fait guère mieux que 16e sur les pavés français. Cette victoire est donc une surprise alors qu'il sortait d'une 10e position sur le Ronde van Vlanderen.

3 - Servais Knaven 🇳🇱 - Domo-Farm Frites - Paris Roubaix 2001
2001, ce n'est pas seulement un vainqueur surprise, c'est aussi un triplé incroyable de la Domo-Farm Frite de Johan Museeuw. Une démonstration d’équipe comme on en a rarement vue sur Paris-Roubaix. Les Domo ont écrasé la course, façon « armée disciplinée », dans des conditions très difficiles. En 2001, le cyclisme de classiques est en pleine transition. Les grands anciens comme Johan Museeuw sont encore là, mais des nouvelles têtes émergent : Tom Boonen débute, George Hincapie devient menaçant, et Romans Vainšteins vient de décrocher un titre mondial. Mais le favori reste Johan Museeuw.
Dès les premiers secteurs pavés, les Domo sont à l’avant. Ils prennent la course en main, imposent le rythme, mettent leurs rivaux sous pression. Dans la Trouée d’Arenberg, le peloton explose. Ensuite, Domo enchaîne les attaques, et à chaque fois, ils sont au moins deux ou trois dans les bons coups. La stratégie est limpide : étouffer la concurrence par le nombre. Puis vient le mouvement décisif : Knaven place une attaque sèche à environ 10 km de l’arrivée. Derrière, Museeuw et Vainšteins marquent leurs adversaire et Servais Knaven s'envole vers la victoire, le visage rempli de boue. Il n’était pas le plus attendu, mais ce jour-là, c’était l’homme le plus fort et le plus juste. En plus de faire le triplé, Domo termine aussi 5e avec Peeters. Quatre coureurs dans les cinq premiers, c'est le plus grosse domination de l'histoire de l'Enfer du Nord.

2 - Magnus Bäckstedt 🇸🇪 - Alessio Bianchi - Paris Roubaix 2004
2004, on est au cœur de l’âge d’or des Flandriens et des grosses cylindrées comme Quick Step, US Postal, Rabobank ou CSC. Le grand favori ? Un certain Johan Museeuw, le « Lion des Flandres », qui dispute sa dernière édition de Paris-Roubaix. Il vise une 4e victoire pour égaler le record.
Mais les outsiders sont affûtés : Tom Boonen (encore jeune), George Hincapie, Roger Hammond, Fabian Cancellara (déjà en embuscade), et le teigneux Tristan Hoffman.
Ce 11 avril 2004, la pluie a épargné le peloton, mais pas la poussière. L’allure est rapide, les crevaisons pleuvent, et les pavés font le tri. Dans la trouée d’Arenberg, c’est l’hécatombe, comme toujours. Vers le final, Museeuw, Hincapie, Hoffman, Bäckstedt et Hammond forment un groupe de costauds. Mais coup de théâtre : Museeuw crève à 6 km de l’arrivée ! Fin du rêve. Il ne reviendra jamais. Tout va donc se jouer dans un sprint à 4 et à ce jeu, c'est le Suédois qui l'emporte contre toute attente. Peu probable au départ mais c'est amplement mérité tant Backstedt s'est montré solide durant toute la course et a couru en patron. Il offre ce jour là la seule victoire de la Suède sur l'Enfer du Nord, et sur un Monument.

1 - Matthew Hayman 🇦🇺 - Orica-GreenEdge - Paris Roubaix 2016
Ah, la victoire de Mathew Hayman sur Paris-Roubaix 2016, c’est l’un des plus beaux contes de fées du cyclisme moderne ! En 2016, Mathew Hayman, était loin d'être un favori. À 37 ans, il était considéré comme un équipier modèle même si c'était un spécialiste des classiques. Et pour ne rien arranger, il revenait tout juste d'une fracture du bras, contractée quelques semaines avant la course. Il s'était essentiellement entraîné… sur home trainer, chez lui, pendant des semaines.
257,5 km, des pavés cassants, du vent, de la poussière, des rebondissements à la pelle. Hayman s'était glissé dans l'échappée matinale — mouvement qui, dans 99% des cas, finit par être repris. Mais cette fois… Peu à peu, les favoris remontent : Cancellara, Sagan, Boom, Boonen, Vanmarcke, Stannard… mais Hayman, lui, parvient à s'accrocher. Et contre toute attente, il résiste. À 15 km de l’arrivée, un petit groupe se forme, avec les meilleurs du jour — et Hayman est toujours là. Sur le vélodrome de Roubaix, ils sont cinq : Hayman, Boonen, Stannard, Vanmarcke et Boasson Hagen. Tout le monde attend la victoire de Tom Boonen, en quête d’un cinquième succès record. Mais c’est Hayman, ce miraculé, ce revenant, qui lance le sprint à la perfection et devance Boonen d’un boyau, au plus grand désarroi des Belges ! En 14 participations, Hayman n'avait jamais fait mieux que 8e ! La 15e fut la plus belle et de loin.
Merci pour l'article. Je m'attendais à voir Frédéric Guesdon en 97 qui avait surpris des Tchmill, Museeuw et Moncassin au sprint.