Alors qu’il ne reste que trois gros mois de compétitions, la lutte pour le maintien en World Tour sera le principal sujet à suivre pour la fin de saison. Six équipes sont encore aux coudes à coudes, et tout peut encore changer. Vélofuté a analysé les calendriers de ces formations pour estimer leurs chances de se maintenir, et s'est essayé au jeu des pronostics.
1048 points. C’est ce qui sépare, en cette fin juillet 2022, Cofidis, 15e, d’Israel Premier Tech, 20e. Cofidis, Movistar, EF Education First, Bike Exchange Jayco, Lotto Soudal et Israel Premier Tech sont les protagonistes de cette formidable lutte pour le maintien, un feuilleton qui anime cette saison 2022, dernière d’un triptyque instauré par l’UCI (à l’issue des trois saisons, les 18 équipes ayant cumulé le plus de points restent ou sont promues en WT, les autres descendent en Pro Tour, ndlr). 6 équipes pour 4 places donc, et avec seulement 3 mois de compétition restants, l’heure est aux projections.
Il semble bien sûr impossible de prédire les performances de chacune des équipes, mais nous avons choisi d’analyser de près leur calendrier jusqu’à la fin de la saison. Rappelons qu’en dehors des courses WT, auxquelles chaque équipe est tenue de participer, les formations ont ensuite le choix de s’inscrire où elles veulent. Et le choix du calendrier n’est pas dû au hasard, et malgré les attentes des sponsors, cela reste éminemment stratégique (vous trouverez le détail des calendriers en bas de l'article).
Aperçu du calendrier : trois stratégies différentes
Plusieurs éléments sont à noter. D’abord, plus que le nombre de courses, le nombre de jours de courses : Lotto Soudal, Cofidis, EF et BikeExchange disputeront entre 57 et 62 jours de course entre le 25 juillet et la fin de saison, tandis que Movistar et Israel en disputeront 80 et 95. Pour autant, cela ne signifie pas que ces deux dernières auront la possibilité de marquer plus de points. Movistar disputera le Tour du Portugal et la Cro Race, soit 17 jours de courses, mais en catégorie 2.1 : le vainqueur du général empochera 125 points, un vainqueur d’étape seulement 14…
C’est donc bien là le deuxième angle d’analyse : la catégorie des courses. Il en existe trois (vous pouvez retrouver plus de détails dans notre article dédié) : WT, .Pro et .1, qui rapportent chacune plus ou moins de points.
On note donc que EF mise avant tout sur les courses .Pro, qui rapportent deux fois plus de points que les courses .1, mais avec une concurrence plus dense. A l’inverse, Cofidis, Lotto et Israel Premier Tech tenteront de faire le plein sur les courses .1, notamment d’un jour. La concurrence y sera moins relevée et leur probabilité de marquer des points plus haute. Le calendrier d’Israël indique d’ailleurs un certain message : Chris Froome et ses acolytes disputeront pas moins de 10 courses en octobre, dont certaines où Israel sera la seule alignée parmi les équipes jouant le maintien. La stratégie est claire : multiplier les courses, peu importe la catégorie ou le lieu de la course, pour engranger de précieux points. Lotto, elle, participera à 10 classiques 1.1 et va poursuivre une stratégie qui lui réussit depuis le début de saison grâce aux performances d'Arnaud De Lie.
Enfin, on observe que Movistar adopte une stratégie très différente de ses concurrentes. La formation espagnole est la seule qui disputera presque autant de courses par étapes que de classiques, mais c’est aussi celle, avec la BikeExchange , qui dépend le plus des courses WT (40% des courses restantes). Autrement dit : une contre-performance d’Enric Mas et d’Alejandro Valverde sur la Vuelta et le Lombardie compromettrait sérieusement les chances de Movistar de se maintenir. Encore une fois, elle sera fortement dépendante de Valverde. Son calendrier 100% espagnol la Klasikoa San Sebastian, le Tour de Burgos et la Vuelta, avant les classiques italiennes, pourrait permettre de sauver la formation ibérique.
On peut donc segmenter les calendriers des équipes selon trois stratégies distinctes :
Priorité aux courses WT et .Pro, notamment les courses à étapes (Movistar et BikeExchange)
Priorité aux courses .Pro et .1 mais surtout des classiques (Lotto Soudal, Cofidis et EF)
Multiplication des courses et des jours de course (Israel)
Projections : Lotto et Israel très mal en point
Une fois ces données en main, on peut se risquer au jeu des pronostics. Comme évoqué précédemment, il est assez frappant de noter que la Movistar et la BikeExchange ne semblent pas adopter une stratégie pour le maintien. Ces formations, habituées au WT et performantes sur les GT, comptent sur leurs leaders et résultats historiques pour se sauver sans avoir à batailler fermement. Elles ne disputeront que 19 et 20 courses contre 23 à 37 pour les autres. Cela peut s’avérer limite, notamment pour Movistar si ses leaders se ratent sur la Vuelta. Cependant, El Imbatido a rajouté à son calendrier quelques courses, comme cité au-dessus, pour assurer des points. Car c’est lui qui détient probablement les cartes comme le souligne David Lappartient, président de l’UCI : « Seul Valverde peut sauver la Movistar d’un désastre. Une descente serait dramatique pour le cyclisme espagnol ».
La Bike Exchange compte elle sur Groenewegen sur la BEMER Cyclassics, Yates sur la Vuelta et Matthews sur les deux classiques canadiennes. De belles courses pour glaner de précieux et gros points UCI. De quoi rester plutôt optimiste pour les deux formations.
EF a en revanche retenu la leçon du début d'année avec un calendrier très équilibré, et sera présente sur quelques courses de la catégorie Pro sans certains de ses concurrents, comme sur le Maryland Cycling Classic ou le PostNord Danmarkt Rundt. Sur le papier, c’est la formation qui a peut-être le meilleur calendrier mais le problème vient surtout de ses coureurs, qui ne performent pas sur les courses mineures depuis le début de saison. Un vrai problème de forme qui pourra leur coûter cher. Sans scoreur, vous pouvez faire autant de courses que vous voulez, ça ne changera pas grand chose.
Compte tenu de leur retard important au classement, Lotto et Israel vont devoir surperformer pour s’en sortir. Lotto peut compter sur une science de la course et une certaine réussite sur les classiques, grâce notamment à Arnaud De Lie, pour grappiller des points. Leur calendrier semble judicieux et adapté aux qualités de ses coureurs mais les Belges ont été souvent malchanceux cette saison. De son côté, Israel tente le tout pour le tout. Les deux victoires d’étapes sur le Tour ont redonné de l’espoir et des chances de maintien aux Israéliens, qui se donnent les moyens de leurs ambitions avec 95 jours de course à venir réparties sur 37 courses ! Soit près de 11 de plus que Lotto ou EF. Cependant, il n’est pas certain que cette stratégie paye, au vue de la profondeur d’effectif des Israéliens, car en dehors de Nizzolo, Woods ou Fuglsang, il n'y a pas grand monde excepté la super recrue Simon Clarke.
Enfin, Cofidis surfe sur de bonnes performances depuis le début de saison et il n'y a pas de raison que cela change maintenant. Pourtant, la dernière partie de saison ne lui est pas favorable. Moins de classiques pavées ou finissant au sprint et plus de courses vallonnées. Ce n'est pas là qu'elle récupérait le plus de points. Elle dispose cependant de 900 pts d'avance sur la relégation. Suffisant ? Pas sûr.
Les pronostics de la rédaction :
Titouan : relégation pour Cofidis et Israel
Romain : relégation pour Bike Exchange et Israel
Quentin : relégation pour EF et Israel
Jean-Baptiste : relégation pour EF et Israel
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