Pépite de la maison Groupama-FDJ où il est passé par la Conti avant d’arriver chez les professionnels, Lenny Martinez ne cesse de progresser et d’éblouir les suiveurs. Après avoir suivi un temps Jonas Vingegaard sur O Gran Camino, le Français vient de s’offrir ses deux premiers tops 10 en World Tour, sur deux profils complètement différents. De quoi se demander jusqu'où Lenny Martinez peut-il aller.
On avait beau déjà savoir qu’il était l’une des grandes pépites du cyclisme français, il ne cesse pour autant de surprendre son monde et d’enchainer les performances de tout premier plan. A à peine 20 ans, Lenny Martinez fait déjà partie des grimpeurs qui comptent dans le peloton professionnel. Pas au niveau de Tadej Pogacar ou Jonas Vingegaard, bien sûr, les deux hommes étant largement au-dessus du lot. Et encore. Cette saison, le coureur qui s’est le plus rapproché en montagne du Slovène ou du Danois, c’est bien lui ! Lors de la 4e et dernière étape du O Gran Camino, seul Martinez avait limité la casse avec Vingegaard (16’’ de retard). Personne n’a aussi bien résisté à l’ogre danois en 2024. Une nouvelle preuve du cap franchi depuis le début de la saison par le Français, qui ne cesse d’élargir ses horizons.
Je suis de plus en plus complet
« Je suis très fort sur les efforts de trente minutes à une heure en col, mais ça commence à se décaler, analysait-il pour L’Equipe en mars. Maintenant j'arrive même à faire de bons efforts sur quatre-cinq minutes en course. Je suis de plus en plus complet ». S’il a toujours été considéré comme un pur grimpeur par Nicolas Boisson l’entraineur de la Conti, Martinez est devenu en 2024 un classicmen de talent, à l’image de ses succès sur la Classic Var, au sommet du Mont Faron, et sur le Trofeo Laigueglia, plus typé puncheur, ou son premier top 10 en World Tour réalisé à l’occasion … des Strade Bianche ! Une course sur le papier pas du tout taillé pour son physique (1,69m pour 52kg) mais où le Français n’a cessé d’impressionner par sa puissance et sa résilience.
Et ce, quel que soit le profil de la course. De retour sur un terrain plus habituel de montagne sur le Tour de Catalogne, il a confirmé son niveau actuel (7e) et s’avance au moment où l’on parle comme le meilleur Français du peloton en 2024. De bon augure alors que son objectif de la saison est encore bien loin. "Mon pic de forme n’est pas prévu pour le début de saison, explique-t-il. Normalement, ma forme va augmenter jusqu’à la Vuelta, qui est un objectif cette année". Avec quelle ambition et quel statut ? "Je pense que je serais un leader avec David (Gaudu), disait-il lors de la présentation de l’équipe. J'ai de belles choses à réaliser sur La Vuelta".
Gagner le Tour de France, pour l'instant, c'est inatteignable
Vu le parcours, et sa forme actuelle, on n’a aucun mal à le croire et un top 10 au général semble largement dans ses cordes. Et même mieux. Mais, d’ici la Vuelta, les courses vont s’enchainer pour Martinez, qui sera au départ du triptyque français Classic Grand Besançon-Tour du Jura-Tour du Doubs avant de courir le Tour de Romandie puis le Tour de Suisse. Que des courses taillées pour ses qualités. Mais la vraie question que tout le monde se pose déjà, c’est jusqu'où Lenny Martinez peut-il aller à l’avenir ? Peut-il gagner le Tour de France ? Une question qu’il ne veut pas se poser. Pas pour l’instant.
"Je ne me vois pas du tout gagner le Tour de France, avouait-il d’entrée lors de la présentation de la Groupama-FDJ. Pour l'instant, c'est inatteignable et je n'avais pas envie de faire le Tour juste pour faire le Tour. J'ai encore 10-15 ans devant moi pour le faire". Alors quoi ? Des courses par étapes pour grimpeurs ? Des classiques ? Son évolution en 2024 ouvre un large panel de champ des possibles tant qu’il continuera à se rapprocher des meilleurs mondiaux. « J'ai envie de faire partie des meilleurs grimpeurs du monde, dit-il à L’Equipe avec franchise et ambition. Mais il y a tellement de paliers à franchir ». Rivaliser avec les 4 fantastiques parait effectivement bien fantaisiste pour le moment, comme pour beaucoup.
Vuelta, Lombardie et Romandie, objectifs à court terme de Lenny Martinez ?
Si grimper est presque naturel chez Martinez, gagner un Grand Tour nécessite aussi de savoir rouler sur le plat. Son grand défaut. "On ne peut pas regarder que l'écart sur une bosse, explique-t-il. Si sur un Grand Tour, il y avait une arrivée en descente avec 10 km de plat pour finir, Vingegaard peut encore me mettre une minute parce qu'il est plus fort en chrono". Sur la dernière Vuelta, le Français de la Groupama-FDJ avait ainsi terminé 30e, à 2’29’’ de Filippo Ganna et à 1’12’’ d’un Vingegaard moyen. Si grand succès il doit y avoir assez vite, cela sera donc peut-être plutôt sur une course d’un jour, à l’image de ces deux succès acquis cette saison.
En World Tour, toutefois, peu de classiques collent véritablement à son profil, surtout si Evenepoel ou Pogacar sont là, mais l’on ne peut s’empêcher de l’imaginer triompher sur le Tour de Lombardie. Avec son mélange de cols et de montées plus punchy, la "classique des feuilles mortes" est taillée pour lui, même si on l’imagine également jouer placé sur les Ardennaises. Pour les courses par étapes, on le voit bien jouer la gagne sur des courses montagneuses comme le Tour de Romandie ou le Tour de Catalogne, ce qu'aucun Français n'a réussi depuis 2007 on le rappelle (Christophe Moreau sur le Dauphiné). Pour gagner un Grand Tour, il faudra sans doute espérer un Giro type 2022 (26km de chrono seulement). A moins qu’il faille pour cela faire ce que Thibaut Pinot ne s’est jamais résolu à faire et changer d’équipe l’hiver prochain comme cela se sous-entend ces dernières semaines ?
Qui peut assurer une place de leader à Lenny Martinez en 2025 ?
"Beaucoup de gens se sont enflammés sur des rumeurs alors qu'on est à peine au mois de mars, a-t-il confié à L’Equipe. Je n'ai pas envie de penser à ça maintenant, j'ai encore une saison à faire. En plus les contrats, c'est en août. Je préfère me focaliser sur la saison et après on verra". Si la Groupama-FDJ n’est évidemment ni la Visma | Lease a Bike ni UAE Team Emirates, mieux n’est pas si facile à trouver et il faudra faire le bon choix de destination afin de trouver le juste milieu entre une équipe mieux armée en montagne mais où sa place de leader serait malgré tout acquise.
D’autant que la formation de Marc Madiot n’est pas la plus mal lotie en termes de matériel, élément majeur des performances dans le cyclisme. Cependant, par rapport à ces données, l'arrivée chez Bahrain- Victorious, qui cherche un leader pour les années à venir, semble particulièrement avancée et fort probable. Quelle que soit l’équipe dans laquelle il évoluera l’an prochain, personne ne sait jusqu'où Lenny Martinez peut-il aller. Une chose est certaine : le Français n’est plus le jeune premier sur lequel on fonde les espoirs d’un futur brillant. Il en est déjà le présent rayonnant.
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