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Photo du rédacteurTitouan Lallemand

Le Ronde, l'histoire des Flandres

Elle est la course la plus attendue en Belgique, le pays où le cyclisme est roi. Le Tour des Flandres "De Ronde van Vlaanderen" aura lieu ce dimanche 18 octobre. Créée en 1913, cette course fait partie des cinq monuments du cyclisme avec Milan - San Remo, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie. Son histoire est riche et ses légendes bercent le cyclisme depuis un siècle.



Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, le Tour des Flandres a d'abord été organisé le même jour que Milan-San Remo. Les Français et Italiens préféraient alors aller sur la classique transalpine. C'est pourquoi un seul non Belge s'est imposé sur le Ronde : Henri Suter en 1923, entre 1913 et 1949.


L'histoire de la course :


Six coureurs ont remporté trois fois le Ronde (et pas Eddy Merckx) : Achiel Buysse (en 1940, en 1941 et en 1943), Fiorenzo Magni a été couronné en 1949, en 1950 et en 1951, Eric Leman 1970, 1972 et 1973, Johan Museeuw 1993, 1995 et 1998, Tom Boonen 2005, 2006 et 2012 et Fabian Cancellara 2010, 2013 et 2014. Eddy Mercckx n'a remporté qu'à deux reprises ce Monument. 1969 est sans doute la plus légendaire, avec une attaque à 70 km de l'arrivée et une victoire en solitaire qui a marqué l'histoire de la course.


Johann Museeuw a lui aussi marqué la courses par ses succès mais aussi échecs. Si le "Lion de Gistel" est entré dans l'histoire avec ses trois victoires dont deux mémorables en solitaire, il a aussi marqué la course lorsqu'il a perdu en 1994 à la photo-finish face à l'Italien Bugno. La déception fut immense surtout que si il l'avait remporté, il l'aurait remporté 3 ans d'affilée et 4 fois en tout.


Cependant, si nous devons choisir un fait marquant dans l'histoire, c'est sûrement le triomphe de Fiorenzo Magni. Après 35 ans de quasi totale domination des Belges (une seule victoire pour la Suisse), l'Italien remporte le Tour des Flandres trois fois d'affilée. La dernière est probablement l'une des plus mythiques de la course, courue dans des conditions climatiques dantesques. Il remportera ce jour là l'épreuve avec plus de cinq minutes d'avance sur son dauphin. Une performance aujourd'hui toujours inscrite dans l'histoire comme le plus grand écart entre le 1er et le 2e. Après cela, il se verra surnommé "le Lion des Flandres".


A noter que la course réussit très bien aux Italiens, deuxième nation à l'avoir le plus remporté, avec 11 victoires dont 9 avec des coureurs différents.


Le parcours :


Les 70 premiers kilomètres après le départ depuis Anvers sont assez plats dans le nord de la Belgique. Les difficultés commencent avec le Tiegemberg, premier des 18 monts au programme avec des boucles dans les monts des Ardennes flamandes autour d'Audenarde. Malheureusement, en raison du Covid-19, il y aura beaucoup moins de drapeaux au lion noir sur fond jaune (le Vlaamse Leeuw, "Lion des Flandres") dans les monts, puisque la course se déroulera sans spectateur. Sans oublier les litres de bière à 6,6 % qui resteront dans les tonneaux Kwaremont.


Le Mur de Grammont est sans doute le mont qui fait du Tour des Flandres un mythe du cyclisme : 1 kilomètre de longueur, 110 mètres de dénivelé, une pente moyenne de 9,2%, un passage à 20% sur des pavés, le tout sur une route très étroite. Au sommet, les coureurs passeront près de la chapelle Notre-Dame d'Oudenberg (voir sur le visuel). Cependant, le Mur de Grammont n'est pas le seul mont déterminant. Trois autres monts sont très importants pour faire la sélection.


D'abord, le Vieux Quaremont avec son approche étroite et nerveuse. Les premiers 600 mètres sont sur une route asphaltée et étroite mais les 1600 mètres suivants sont sur un secteur pavé, des pavés protégés depuis 1993. Ce mont a souvent changé de place sur la course. Même s'il n'est pas le plus pentu de la course, il en est le plus long avec ses 2,2 kilomètres et sera gravi à trois reprises dont une fois dans le final. Puis, arrive le rectiligne Koppenberg, certes court avec seulement 600 mètres d'ascension mais avec une pente moyenne de 12% avec un passage à 22%. Son attaque s'effectue après un virage à droite à 90 degrés après une longue partie sinueuse. Ce mont est revenu sur l'itinéraire de la course en 2008. Enfin, l’ultime difficulté du Tour des Flandres est très court (350 m) mais les pourcentages sont en revanche extrêmement élevés jusqu'à 21 %. Son nom : le Paterberg. Son entrée s'effectue aussi avec un virage à angle droit. Après les 100 premiers mètres à 7 %, la pente s'accentuera avec 100 mètres à une moyenne de 18 %. Les rampes resteront très difficiles au dessus des 10% jusqu'en haut. Ces deux derniers monts se succèdent lors de l'avant-dernière boucle. Lorsque l'on attaque au Paterberg, on a le sentiment de s'attaquer à un mur dont on ne voit pas le sommet.


Les Flandres et les Français :


Trois Français ont réussi à dompter le Tour des Flandres. On a attendu le 39e édition pour voir le premier succès tricolore avec le succès de Louison Bobet qui a battu au sprint à Wetteren la légende du cyclisme suisse Hugo Koblet et le grand Rik van Steenbergen. L'année suivante, la France voyait une deuxième victoire en deux éditions avec Jean Forestier en solitaire devant une ribambelle de Belges. 36 ans plus tard, un surprenant baroudeur mayennais s'est échappé avec deux Belges et Thomas Wegmüller. Jacky Durand a lâché le Suisse pour décrocher le plus grand succès de sa carrière, qui est à ce jour le dernier succès Français. Peut-on s’attendre à une fin de série cette année, avec un Julian Alaphilippe au sommet de son art ou un Florian Sénéchal en pleine forme ? Réponse au bout des pavés et de la souffrance ce dimanche.

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