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Photo du rédacteurTitouan Lallemand

Le changement de stratégie d'INEOS Grenadier

Véritable rouleau compresseur durant les ascensions, notamment sur le Tour de France durant les années 2010-2018, l'équipe Sky devenue Ineos Grenadier a changé de stratégie. D'un train, celle-ci a décidé de jouer la carte de l'offensive à plusieurs cartes, à la manière du Wolfpack Deceuninck sur les classiques, lorsqu'elle n'a pas le maillot de leader. Pourquoi ce changement ? Pari gagnant ? Analyse.

On se souvient tous de Christopher Froome emmenant Bradley Wiggins dans sa roue vers Peyresourde. Une image à l'époque surprenante montrant la domination de la formation britannique. Par la suite, cette image est devenue classique. Un train dévastateur où les coureurs Sky se relayaient chacun leur tour afin d'écrémer le peloton de manière drastique. Les recrutements récents de Carapaz puis de Yates et l'éclosion de Bernal ont cependant changé la donne. Adieu les longs trains, aujourd'hui utilisés par la Jumbo Visma, et bonjour à l'offensive, pour notre plus grand plaisir. Attention cependant, cette stratégie n'est pas adoptée à chaque fois et est utilisée lorsque le leadership n'est pas clair ou que l'équipe n'est pas en tête du classement général. Sinon, le train reste un classique.


Un changement de stratégie en montagne : place à l'offensive


A plusieurs reprises, nous avons vu que l'équipe Ineos n'utilisait plus les longs trains. Il y a plusieurs raisons à cela et nous les verrons par la suite. Avec Bernal, Yates, Carapaz, Thomas, Porte ou encore Geoghegan Hart et Sivakov, la formation britannique a de quoi truster les Top 5-10 des courses à étapes. Il a donc fallu adapter la stratégie. Cette stratégie fut particulièrement visible sur le Tour de Catalogne : l'offensive. Un premier coureur qui attaque assez tôt dans la dernière ascension ou qui suit le mouvement, obligeant ainsi les autres équipes à réagir et permettant aux autres coureurs de rester dans les roues. Que celui-ci soit repris ou non, cela permet ensuite à un autre coureur d'attaquer. Le premier pouvant être utilisé comme relais ou non.


A la manière du Wolfpack sur les Flandriennes, nous retrouvons donc souvent un coureur Ineos à chaque échelon de la course en montagne. Sur le Tour de Catalogne, nous avions par exemple Yates, puis Carapaz et enfin Porte et Thomas dans le reste du peloton des favoris. Si l'attaque fut veine, il en reste d'autres pour suivre de potentielles nouvelles attaques. Évidemment, c'est plus facile d'avoir cette tactique lorsque l'on a un effectif aussi garni que celui d'Ineos mais cela évite de devoir sacrifier des co-leaders ou coureurs protégés pour mettre en valeur un coureur. Si celui-ci est défaillant, c'est toute la stratégie qui s'écroule.


Plus récemment, ce fut la même chose sur le Dauphiné, où Porte à attaqué vers la Plagne tandis que Thomas et Geoghegan Hart restait dans les roues. Et Richie Porte est récupéré le maillot jaune.


Pourquoi un tel changement ?


Il y a plusieurs raisons à cela mais celle qui nous vient à l'esprit est que la formation ne possède plus un coureur comme Froome, aussi bon grimpeur que rouleur. Sans cette carte, fiable pour les courses à étapes, le risque est plus grand. Cela vient aussi du profil des nouveaux leaders d'équipe. Bernal, Yates ou Carapaz son des coureurs avec un tempérament offensif et qui aiment les changements de rythme. Si Froome attaquait régulièrement, il ne le faisait qu'après avoir éliminé 99% du peloton grâce au train. Un risque contrôlé car il n'avait pas la nécessité de faire plus.


A l'inverse, un coureur comme Carapaz a remporté son Giro 2018 grâce à une attaque loin de l'arrivée. Quant à Bernal, il a remporté le Tour 2019 sans que le train Ineos ne soit aussi costaud, et cela venait en partie du fait qu'il y avait deux leaders : Thomas et Bernal. Avec un leader, le train est logique, avec deux, c'est le risque d'en sacrifier un plus fort que l'autre.


Dernier point, la concurrence. La Jumbo-Visma a littéralement dominé une équipe Ineos en grande difficulté sur le Tour de France 2020. Si Bernal était souffrant, personne n'était en mesure de prendre le relais car l'équipe était tournée à 100% vers le Colombien. Un échec important que l'équipe de Brailsford ne veut plus reproduire.


Ce changement est-il définitif ?


Pas du tout. Comme nous l'avons dit, ce changement est dû en partie à la situation actuelle de l'équipe. Avec un nombre important de leaders, et sans leader absolu, Ineos gardera cette stratégie offensive. Cela permet de jouer plusieurs cartes au général et cela évite d'éliminer le mauvais dès la première étape.


Par ailleurs, si sur le Tour, un coureur comme Porte prend le maillot jaune, le train sera évidemment de retour pour défendre les intérêts du leader de la course. C'est une notion qui a toujours été important chez Ineos. Le mieux classé, si il possède le maillot jaune, à la priorité.


Pour le moment, les coureurs Ineos n'ont pas eu de chance et sont loin du compte. Il est donc possible de voir Carapaz, Porte ou Thomas passer à l'attaque. On penche surtout pour les deux premiers.



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