Jarno Widar n'a que 19 ans mais nourrit déjà, en Belgique, les plus grands fantasmes. Il faut dire que le prodige belge a réalisé une saison époustouflante chez les Espoirs. Et pourtant, il a décidé de rester un an de plus au sein de l'équipe de développement, une preuve d'intelligence d'un jeune qui a la tête sur les épaules. Alors la Belgique tient-elle le digne successeur de Van Impe, dernier vainqueur du Tour de France en 1976 ?

Non, Eddy Merckx n'est pas le dernier Belge vainqueur du Tour de France. Si le "Cannibale" l'a emporté durant la première partie des années 70, c'est bien Lucien Van Impe le dernier vainqueur Belge du Tour. A l'instar de la France, la Belgique court après son passé, à la recherche d'un successeur jusque-là introuvable. Du côté de l'Hexagone, chaque jeune talent subit la triste comparaison mais c'est pareil en Belgique, et Jarno Widar ne fait pas exception à la règle, bien au contraire.
Jarno Widar, un garçon pressé mais pas trop
Vainqueur en 2024 du Baby Giro, de l'Alpes Isère Tour et du Tour Val d'Aoste, Jarno Widar a été le grimpeur le plus impressionnant sur le circuit Espoir. Il a malgré tout craqué sur le Tour de l'Avenir alors qu'on l'attendait victorieux. Il n'a pas pu s'imposer sur les mondiaux U23 non plus, 7e de la course en ligne. Un regret. C'est peut-être d'ailleurs cette performance qui a incité le jeune Belge à prendre son temps et rester au sein de l'équipe pro, comme il l'a indiqué en conférence de presse début janvier. "Sans cet objectif, j'aurais déjà décidé de rejoindre l'échelon professionnel". Une décision nourrie par l'ambition donc, de devenir champion du monde u23, prouvant que le garçon a faim mais sait prendre aussi son temps, conscient des étapes à franchir. Et celle-ci en est une. Mais il a la tête sur les épaules : "Je rêve en grand évidemment, cependant, il y a une différence entre vouloir et pouvoir. Seul l'avenir dira si je peux arriver au niveau que je veux !"

Malgré ce choix, il aura tout de même la possibilité de découvrir l'échelon supérieur avec un calendrier très pro en début d'année. Entre la Classic Var, le Tour des Alpes Maritimes et les Classiques Ardèche Drôme, il aura en France l'occasion de côtoyer et de se mesurer face à plusieurs grands noms du peloton comme David Gaudu ou Enric Mas par exemple. Par la suite, il se concentrera sur les courses Espoirs, avec l'idée de prendre sa revanche sur le Tour de l'Avenir et devenir champion du Monde au Rwanda.
Une volonté de préparer les Grands Tours
Comme beaucoup de jeunes coureurs, Jarno Widar s'est fixé des objectifs pour le futur : "j’ai de grandes ambitions mais je ne veux pas trop en parler, cela ferait les gros titres". Et on le comprend, il n'est pas encore pro qu'on le cite déjà, nous mêmes, comme possible successeur de Van Impe. Une grosse pression qu'il veut se retirer. Cela n'empêche qu'il sait ce qu'il doit faire pour atteindre ses objectifs sur les courses à étapes. Excellent grimpeur, le jeune Belge a encore des progrès à faire en contre-la-montre, même si comme il l'explique lui-même, il a "fini deux fois dans le top 10 d'un chrono". "J'étais le premier des grimpeurs". Un bon point donc qu'il va cependant devoir développer si il veut, dans le futur, rivaliser avec les Pogacar, Vingegaard et Evenepoel, tous d'excellents rouleurs : "Pour devenir un coureur de classement général, il faut être aussi bon en contre-la-montre. Je vais donc me concentrer là dessus pour cette année 2025, car l'an dernier je n'en ai pas fait."
Pour se faire, Widar et Lotto ont prévu de mettre en place un programme et du matériel adapté afin de franchir un cap rapidement, pour être prêt dès 2026 dans l'exercice : "On va faire des essais aérodynamiques et tester des équipements spécifiques pour améliorer mes performances, comme les sous-couches." Son physique, qui ressemble à celui de Remco, pourrait, si il travaille bien, lui permettre d'avoir une position aérodynamique tout aussi efficace. Mais n'est pas Remco qui veut, surtout en chrono : "Je ne serais peut être jamais un spécialiste du contre-la-montre mais je donnerais le meilleur de moi-même. Mon objectif est d'atteindre mon plein potentiel". Il ne reste plus qu'à mettre un acte sur les mots. Nous sommes impatients de voir ce qu'il va se passer.
Notre avis sur Jarno Widar
Si il est difficile de fixer les limites de l'espoir de la Lotto, son potentiel semble impressionnant, particulièrement en montagne. Il est clair qu'il est destiné à un avenir sur les Grands Tours mais jusqu'à quel niveau ? En contre-la-montre par exemple, on ne le voit pas au niveau d'un Evenepoel ou Ayuso. On imagine plutôt un potentiel qui l'amène à un niveau en-dessous, avec les Carlos Rodriguez ou Ben O'Connor. Pas mauvais donc mais pas non plus l'Elite. Mais ce n'est que notre avis. Seul l'avenir nous le dira.
Les attentes sont évidemment énormes autour de lui et si il brille sur les courses pro en février / mars, cela sera encore plus difficile de canaliser les foules. A l'inverse, une position entre 10 et 20 donnerait satisfaction sans lever trop d'enthousiasme, ce qui lui permettrait de continuer de travailler en toute sérénité. Mais on s'attend à une année 2026 au niveau de celle d'autres néo pro auparavant comme Del Toro par exemple.
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