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Photo du rédacteurTitouan Lallemand

Jai Hindley, la renaissance sur le Giro 2022

Après un Giro 2020 exceptionnel et inattendu, Jai Hindley a déçu en 2021. Mais son transfert chez Bora hangrohe l'a libéré et l'Australien renaît sur ce Giro 2022, qu'il va sans doute remporter.

Le 28 mai 2022 restera gravé dans la mémoire de Jai Hindley. C'est aussi l'un des rares moments de ce Giro qui restera dans les mémoires collectives. Lui qui avait tout perdu en 2020 lors du chrono final, a quasi assuré sa victoire sur le Giro 2022 grâce à une performance stratosphérique dans le Passo Fedaia. L'Australien a renversé la course après s'être rapproché petit à petit grâce aux bonifications. Pourtant, une pareille performance était difficilement envisageable début janvier.


Giro 2020, la révélation :


C'est au soir de la 15e étape que la hype Jai Hindley apparaît. 3e de l'étape derrière son équipier et leader Wilco Kelderman, le jeune australien de 24 ans s'installe dans la course au podium. Au cœur de la folle étape du Stelvio, où Rohan Dennis fait exploser Almeida, leader de la course et Kelderman, Hindley résiste aux assauts de Tao Geoghegan Hart et le règle au sprint. C'est seulement sa 6e victoire et sa première en World Tour. A cet instant, il récupère le leadership et bascule dans une autre dimension, celle d'un potentiel vainqueur de GT, à 24 ans et n'est qu'à 12 secondes de Kelderman, leader fragile avant la dernière étape de montagne.


Si Hindley ira chercher le maillot rose, il ne parviendra pas à se débarrasser du coureur Ineos, qui le renversera lors du contre-la-montre. Un coup dur mais de l'espoir pour l'avenir.


Inattendu au départ. Jai Hindley monte donc sur le podium du Giro 2020. Jusque là, son meilleur résultat en carrière était une 13e place sur le Tirreno 2020. C'est finalement l'histoire de ce coureur, encore inattendu au lancement du Giro 2022 et malgré tout vainqueur final, sauf imprévu.


Encore une surprise en 2022 :


Au départ du Giro 2022, Hindley figure au mieux en outsider chez les bookmakers. C'est aussi le cas chez nous. Plusieurs coureurs comme Lopez, Yates, Bardet, Landa, Almeida ou encore Carapaz, favori, le devance au niveau des pronostics. Difficile de voir venir une telle performance lorsque son seul résultat positif en deux saisons est une 5e place sur le Tirreno Adriatico. C'est peu pour en faire un candidat au classement général, d'autant qu'il ne finit que 13e du Tour de Catalogne, deux semaines plus tard. Même au Blockhaus, lors de sa victoire d'étape, qui était là aussi une surprise, il avait été lâché par les "trois plus fort" de l'époque, Bardet, Landa et Carapaz.


Ce qui ne jouait pas en sa faveur, c'est aussi et surtout cette terrible année 2021. On dit souvent que confirmer est parfois ce qu'il y a de plus difficile, et ce fut le cas pour le coureur du Team DSM. Excepté une 7e place sur un Tour de Pologne sans grande concurrence et écrasé par Evenepoel, Hindley n'a réussi à faire qu'un seul top 10. Une 10e place au sommet de la Colmiane en mars 2021 sur Paris-Nice. Son abandon sur le Giro 2021 - alors qu'il était hors du coup à cause d'une plaie à la selle - contraste avec ses performances, quelques mois auparavant.

Gêné par plusieurs problèmes durant cette année 2021, Hindley a décidé de tout changer et son transfert chez Bora fut finalement salvateur.


Une arrivée chez Bora à point nommé :


Sa signature chez Bora ne fut pas beaucoup de bruit, notamment parce qu'il avait disparu des radars mais ce transfert méritait tout de même d'être suivi avec attention. En effet, en pleine réorganisation de son effectif suite au départ de Sagan, l'équipe Bora hansgrohe a décidé de s'orienter vers les courses à étape. Un choix qui a forcément intéressé Hindley, d'autant qu'il retrouvait Kelderman, son ancien équipier. Par ailleurs, la pression semblait beaucoup moins forte sur ses épaules que sur celle du Néerlandais, 5e du Tour 2021, ou de celles de Sergio Higuita et surtout Alexander Vlasov, recrue phare de l'intersaison.


C'est donc sans faire de bruit que Hindley a préparé son affaire. Avec le staff, il s'est construit un calendrier idéal pour briller sur le Giro. Se faire de la caisse entre février et mars, avec comme tremplin l'enchaînement Tirreno - Catalogne avant de ne plus rouler jusqu'au Giro, à part sur le Flèche Wallonne. Une période sans compétition en avril, avec plutôt un stage en altitude de trois semaines, qui avait réussi à Carapaz ou Bernal les années passées. Et qui réussit donc là encore au nouveau leader de la Bora. Avec une minutes et 25 secondes d'avance sur Carapaz, l'affaire semble entendue, a l’inverse des mauvais souvenir de 2020. Rendez-vous compte, avant sa victoire au Blockhaus, son dernier succès remontait... au Giro 2020. La renaissance pour lui à 26 ans.

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