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Emanuel Buchmann (Cofidis) : « Cofidis croit beaucoup en moi, ce qui n’était plus le cas chez Bora »

Photo du rédacteur: Romain BougourdRomain Bougourd

Nouvelle recrue du Team Cofidis en provenance de Red Bull Bora-hansgrohe, Emanuel Buchmann s’est confié à Vélofuté avant de débuter le Tour de Catalogne ce lundi. Miné par les chutes ces dernières années, l’Allemand de 32 ans espère retrouver son meilleur niveau et croit pouvoir obtenir des top 10 sur le général des grandes courses par étapes. Entretien.

Emanuel Buchmann Cofidis

Emanuel Buchmann est un homme peu bavard. Assez réservé, l’Allemand de 32 ans a effectué un changement de carrière radical l’été dernier, en quittant la structure Bora, dont il faisait partie depuis 2013, pour rejoindre Cofidis. Le 4e du Tour de France 2019 garde une certaine amertume de ses dernières années dans l’équipe de Ralph Denk, se sentant peu considéré, et a particulièrement apprécié l’intérêt des Nordistes, qui croient en lui malgré ses nombreuses chutes ces dernières années. Entretien avec un homme rongé par les chutes, qui espère jouer les avant-postes sur les courses par étapes et aider Cofidis à se maintenir en World Tour.


Tu as passé plus de 10 ans au sein de l’équipe Bora, aujourd’hui Red Bull-Bora-hansgrohe. Pourquoi ce changement à ce moment ?

Effectivement, j’ai passé plus de 10 ans dans l’équipe, et j’ai senti un besoin de changement. Les 2-3 dernières années, je ne me sentais plus très bien dans l’équipe, j’ai connu pas mal de blessures et de chutes. L’équipe s’est beaucoup développée et je ne me sentais plus autant intégré dans le projet, donc j’ai pensé que c’était le bon moment pour changer.


Était-ce désagréable pour toi à la fin ?

Disons que j’ai assez mal vécu ma non-sélection sur le Giro l’an passé, alors que l’équipe venait d’accueillir Red Bull comme nouveau sponsor. C’était peut-être deux ans de trop pour moi dans l’équipe.


Tu passes donc d’une équipe à la forte identité germanophone à une équipe française. Pourquoi cette décision ?

J’ai eu plusieurs discussions avec des équipes puis je me suis cassé la jambe sur le Tour de Suisse. Malgré cela, Cofidis a continué de s’intéresser à moi et nous avons eu de très bonnes discussions. J’ai senti que Cofidis me voulait et croyait beaucoup en moi, ce qui n’était plus le cas chez Bora. J’ai eu un bon sentiment à ce moment-là.


As-tu discuté avec Simon Geschke ? A-t-il eu un rôle dans ta décision ?

Oui bien sûr que je lui ai parlé, c’était important pour moi, ainsi qu’avec d’autres personnes. Il m’a plutôt rassuré et en tout cas ne m’a pas dissuadé de venir (rires).


Comment se passe ton intégration au sein de l’équipe, parles-tu déjà français ?

J’ai commencé à essayer d’apprendre le français, notamment avec Duolingo. Je comprends quelques mots mais pas beaucoup plus. Heureusement, on peut bien parler en anglais avec tout le monde. On a des nouveaux entraîneurs étrangers, et tout le monde dans l’équipe parle bien anglais, donc je me sens bien intégré.


"En 2022, j'ai fait 7e du Giro, mais personne n’y a accordé d’importance chez Bora"

Red Bull-Bora est une grande équipe du top 5, tandis que Cofidis lutte pour le maintien en World Tour. A quel point cela impacte ta préparation et ton approche de la saison ?

Oui effectivement ce sont deux situations très différentes. Les points comptent beaucoup chez Cofidis pour se maintenir en WT. L’approche est évidemment différente. En 2022 j’ai fait 7e du Giro, mais personne n’y a accordé d’importance chez Bora, alors que si j’accomplis cette performance chez Cofidis, tout le monde serait super heureux.


Tu le perçois comme une meilleure considération ?

Oui totalement, c’est une grande différence, et je pense aussi que j’aurai plus de liberté chez Cofidis, pour tenter des attaques ou des échappées, que je n’en avais chez Bora.


Le fait que Cofidis lutte pour le maintien en WT peut aussi apporter de la pression supplémentaire, non ?

Je pense qu’il faut voir comment se passe la saison et si on arrive à prendre assez de points rapidement. Mais c’est vrai que si on ne se met pas à l’abri rapidement, cela peut rajouter du stress et de la pression. A nous de se l’éviter.


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Quels seront tes objectifs et ton calendrier cette saison ?

La suite pour moi, c’est d’abord le Tour de Catalogne. Là je suis en période d’entraînement pour le préparer. Ensuite je ferai quelques classiques en France comme le Tour du Doubs et du Jura, puis le Tour de Romandie, le Dauphiné et normalement, le Tour de France.


Pour le Dauphiné et le Tour de France, quel sera ton rôle ?

Ce n’est pas encore complètement décidé, et cela dépendra surtout du scénario de la course et des événements, notamment si j’évite les chutes. L’objectif est bien de jouer le général, mais cela peut vite être remis en cause. Je pense que tout est possible, jouer les étapes ou le général, mais on ne m’a pas mis de pression là-dessus, l’essentiel est que je me sente bien et que je donne le maximum.


Et en Catalogne et au Romandie ?

Pour ces deux courses, je jouerai le général.


Tu auras donc un rôle de leader sur toutes ces courses ?

Je pense que si mon niveau est celui que l’on espère, oui je serai le leader.


"Je pensais vraiment être capable de faire top 5 sur le Giro, mais je n’ai pas été sélectionné. Ça m’a énormément déçu."

Tu as dit que tu aimerais retrouver ton meilleur niveau. Tu l’as sûrement atteint en 2019 et 2020, quand tu as fini 4e du Tour de France et avant ta chute sur le Dauphiné, où tu étais dans une forme incroyable. Penses-tu avoir retrouvé ce niveau-là ?

Effectivement, je pense que quand je regarde mes données, celles de cette période-là étaient super. Mais l’an passé, avant ma chute au Tour de Suisse, j’étais aussi en super forme. Je pense que ce sera très difficile de retrouver ce niveau à 100%. En plus, le cyclisme s’est beaucoup développé ces dernières années, et le niveau général du peloton est plus élevé qu’en 2019/2020. Je pense qu’avec mes données de l’époque, je ne jouerais plus le podium aujourd’hui. Mais je pense que je peux retrouver un bon niveau que me permettrait de jouer les premiers rôles sur le Giro ou la Vuelta.


Te sens-tu capable de refaire un top 10 sur un Grand Tour ?

Je pense que oui, que ce soit sur le Giro ou la Vuelta, et même sur le Tour si toutes les conditions sont réunies. L’an passé, je pensais vraiment être capable de faire top 5 sur le Giro, mais je n’ai pas été sélectionné. Ça m’a énormément déçu.


Cela fait plusieurs fois que tu en parles. Est-ce la plus grande déception de ta carrière ?

La plus grande déception, je ne dirais pas ça. J’ai connu pas mal de chutes ces dernières années, et la chute au Dauphiné en 2020 ou sur le Giro en 2021 m’ont pas mal affecté. C’étaient vraiment des chutes à des moments très importants dans ma carrière.


Quel a été ton plus grand succès ?

Clairement, le Tour de France 2019. Et même la saison 2019 dans son ensemble, j’avais des super jambes et je n’ai pas connu de chute [il a terminé 4e de l’UAE Tour, 3e du Tour du Pays-Basque avec une étape, 7e du Tour de Romandie et 3e du Dauphiné avant le Tour de France et 8e du Lombardie, ndlr].


Que voudrais-tu réussir, atteindre encore ? Tu as 32 ans et encore quelques belles saisons devant toi.

Je ne sais pas exactement, j’aimerais courir pour les podiums ou la victoire. C’est ce que j’ai espéré quand j’étais plus jeune et j’en étais très proche avant mes chutes en 2020 et 2021. Je pense quand même qu’une étape de Grand Tour, surtout sur le Tour, ce serait un rêve. Mais j’aimerais surtout connaître moins de chutes et avoir du plaisir.


Quelle serait une saison 2025 réussie ?

J’aimerais avant tout retrouver mon meilleur niveau et traverser la saison sans chute. Si je peux obtenir de bons résultats, ce serait super.  

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