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Photo du rédacteurQuentin DURAND

Découverte de Col H.C : Col du Soudet - la Pierre Saint-Martin

Col réputé mais peu emprunté par les cyclistes pour des raisons géographiques, la Pierre St Martin est une de ces ascensions dont on a souvent entendu parlé mais jamais testé. Passage obligé par le col du Soudet, on ne le découvre que lorsqu'on souhaite sortir des sentiers battus de l’Aubisque ou autre Tourmalet, ses glorieux voisins. Située dans les Pyrénées Atlantique proche de la commune d’Arrête, la montée est un vrai pèlerinage pour tous les cyclistes, amateurs de pentes irrégulières. VéloFuté vous la décrypte.


Ne vous fiez pas à son pourcentage moyen de 5,8% sur les presque 26km d'ascension. Certains cols vous réservent des surprises (jamais des bonnes) lorsqu'on ne rentre pas une étude approfondie de leur profil. Au départ d'Arrête, les 9 premiers kilomètres sont à 2,5% de moyenne (avec de belles irrégularité). Vous l'aurez compris, la suite s'annonce pentue !


L’Histoire avec le Tour de France


Le col de la Pierre St Martin n’a vu le tour de France que deux fois. Un premier passage en 2007 où le Colombien Mauricio Soler passait en tête se lançant dans la descente pour rejoindre l’Aubisque quelques coups de pédales plus loin. Le col avait été escaladé depuis Lara Belagua, son versant espagnol.

En 2015, l’arrivée de l’étape se jugeait en son sommet. Le Britannique Chris Froome s’envolait vers les cieux pour écraser le tour de France dès la 10ème étape reléguant tous ses adversaires à plus d’une minute de l'étape et à 3 minutes au général. Cette année là, la Grande Boucle empruntait le tracé que nous allons vous décrypter.




Le pèlerinage depuis Arrête


Nous posons donc notre pied sur cette terre en ne sachant pas vraiment ce qui nous attend. Le profil annonce un col de 25,8km à 5,80%. Ce qui fait peur sur le papier, c’est plus sa longueur que le pourcentage. Erreur.. ! La forme est là, malgré le froid, grâce à notre entraînement intensif tout l'hiver. De quoi attaquer l'ascension sereinement.


Le début du col est très roulant. C’est parti, sourire aux lèvres. Le soleil nous accompagne, mais la température est fraiche pour fin Avril. Après sept kilomètres de vallée, l'interrogation nous guette. Nous avons roulé sur un dénivelé moyen de 3% environ depuis le départ… Quelque chose cloche. Le profil annonçait pourtant 5% à cet endroit.

Au détour d’un virage, un mur se dresse devant nous : première des nombreuses difficultés qui nous attendront lors de cette profession de foi. Le compteur annonce 10% puis 12% et enfin 16%. Quelques centaines de mètres plus loin, un replat puis.. rebelote. Ce col ne sera pas facile.


C’est ainsi que la Pierre St Martin va nous asphyxier petit à petit par de très raides à coups supérieurs à 10%. Côté paysage, la montée est très sauvage. Les vaches, ses seules habitantes se délectent de nous voir suffoquer. Ce périple brûle les jambes malgré ce vent glacial. Il fait cinq petit degrés (ressenti des poumons -15°).

Sur 10 kilomètres, l’enchainement de pentes ultra exigeantes est un calvaire. Un lourd fardeau pèse sur nos épaules avec l'impression d’avoir des pierres dans la veste. Dans un lacet nous nous retournons même pour vérifier si le pneu arrière n'est pas crevé tant nous sommes cloués sur le bitume. Hélas non, nous sommes juste en difficulté..!

Le cœur bat tellement vite que les nombreux replats ne permettent pas de récupérer. Des murs reviennent inlassablement. Nous n’imaginions pas un seul instant souffrir autant. Huit kilomètres à 9,5% avec des passages à 15% se sont écoulés. Ca calme. Force est de constaté que l'humilité revient. Il paraît qu'on appelle cet étrange retour de bâton : le Karma.

Néanmoins, cette partie reste un véritable régal visuel avec la traversée de la forêt et quelques panoramas sur la vallée. Le côté sauvage des cols pyrénéens ressort et rare sont les voitures en cette période.

Cette périlleuse partie se termine sur un plateau au milieu des montagnes menant à l'espace de sport nordique de la Pierre Saint Martin. La végétation moins dense laisse place à un milieu plus hostile voire même lunaire. Les pentes s’adoucissent nettement. Retrouvant un semblant de respiration mais ayant perdu l'intégralité de nos jambes, c’est avec plus de sérénité que la fin du col s'aborde. Nous prenons conscience de la grosse claque que l’on a pris avant par ego (qui a été détruit littéralement) et négocions la fin du parcours avec moins d’orgueil.

La neige parsème le sol. Ce décor désertique nous plaît. Le calme est de mise, notre souffle de buffle s’est apaisé.


L'arrivée au col du Soudet marque l'arrivée à l'intersection de plusieurs ascensions possibles de la Pierre Saint Martin. Il ne reste environ que cinq kilomètres pour en finir. Ils sont irréguliers encore une fois mais bien moins compliqués que les précédents. Les trois premiers sont assez pentus avant d'arriver de nouveau sur un "plateau". En plein vent, le décor est encore plus majestueux du haut de ses 1700m d'altitude. On assiste à un balai de pierres jonchées au sol, la roche nous accompagnant à travers ce froid glacial (il fait -3°, ressenti - 72 000°). Rarement un paysage dans les Pyrénées nous a autant marqué.


Les derniers kilomètres alternes murs, plats voire descentes avant d'arriver au panneau de fin de col à la frontière espagnole. Nous restons sans voix depuis de nombreux kilomètres. En paix avec nous même. Ce pèlerinage nous rappelle ô combien il faut être respectueux des ascensions. Nous avons porté notre fardeau le long de la montée. La Pierre Saint Martin nous a bel et bien crucifié.




Alternative d'ascension - Saint Engrâce - Tour de France 2023


Depuis Tardet / Saint Engrâce : Depuis Tardet, il y a 34km à 4,72% dont les 16 premiers en légère pente. C'est depuis Saint Engrâce que cela se corse avec près 14km à presque 7,4% de pente moyenne très irrégulière. Si les tous premiers kilomètres sont très faciles, que dire de la suite ? C'est un enchaînement de raidards terribles et de replats. Rares sont les ascensions qui nous ont fait autant souffrir. L'alternance des % est telles que vous êtes en prise sans arrêt malgré des pourcentages plus faibles par instant. Des passages à 15% sont présents et certains kilomètres sont hallucinants de difficultés. Un col magnifique mais sauvage dans l'agression de nos jambes également. Un sacré morceau... ! Ce versant n'est pas à la portée de tous les cyclistes, il faudra s'armer de braquets et de patience. Un des cols les plus durs des Pyrénées.

A 3 kilomètres du sommet, vous pouvez bifurquer vers le col d'Issarbe et ajouter un nouveau col HC à votre compteur.



Pour tous les autres itinéraires (qui sont au nombre de 7 au total), nous vous proposons un site qui vous les détaillera : https://lesbaroudeursenvadrouille.wordpress.com/2014/12/07/le-col-de-la-pierre-saint-martin-dans-tous-ses-etats/



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