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Photo du rédacteurRomain Bougourd

Cofidis, la roue retourne-t-elle dans le bon sens en 2024 ?

Surprenante 12e équipe UCI en septembre 2023 avec deux succès sur le Tour de France, Cofidis a connu un énorme trou d'air pour se retrouver à la 20e place en 2024. Si les Nordistes semblent avoir enrayé la dynamique noire, tout ne semble pas encore réglé. Décryptage.

Cofidis 2024

« Ça va vite dans le foot ». L’adage est certes bateau, mais il est souvent terriblement vrai. Et difficile de trouver meilleure illustration que l’équipe Cofidis en cyclisme. Des succès sur le Tour de France et la Vuelta à une crise profonde avec une 20e place UCI en 2024, seuls 6 mois sont passés. Une dégringolade de presque 10 places dans la hiérarchie mondiale que les Nordistes tentent d’endiguer. Alors que les hommes de Cédric Vasseur ont entamé une dynamique positive depuis début mai, revenons sur un cycle particulièrement négatif.


Retournons en septembre 2023. Après avoir mis fin à 15 ans de disette sur le Tour de France, Cofidis s’impose deux fois sur la Grande Boucle, grâce à de superbes numéros de Victor Lafay à Bilbao, puis de Ion Izaguirre sur la 12e étape. Pour confirmer cette performance, Jesus Herrada ajoute sa pierre à l’édifice en s’imposant sur la 11e étape de la Vuelta. Trois succès de référence, après celui de Bryan Coquard au Down Under en janvier, qui ont validé l’installation de Cofidis dans le top 15 UCI, après avoir lutté pour son maintien un an plus tôt. « Je savoure la qualité et la quantité de travail effectué depuis 2018 par le staff et les coureurs, nous confiait Cédric Vasseur, manager de l’équipe, mi-septembre. L’accession en World Tour a été difficile. Je pense qu’aujourd’hui, on est une équipe qui compte au niveau international ». En tout cas, tout portait à y croire. Mais le moment de savourer n’a pas duré longtemps, et alors que les Nordistes pointaient à la 12e place UCI, la dynamique s’est enrayée.


L’imbroglio Lafay et un mercato 2023 raté


Les raisons sont multiples. L’imbroglio autour de Victor Lafay, glorieux vainqueur à Bilbao mais alors en fin de contrat, a semé le trouble dans l’équipe. A peine son succès décroché, le Savoyard faisait aussitôt parler de lui pour les rumeurs autour de son avenir. La presse a évoqué une proposition de salaire d’1 million d’euros par an de la part de Cofidis, que Cédric Vasseur a très vite balayé. Finalement, le fantasque puncheur s’en est allé pour Décathlon-AG2R-La Mondiale Team, avec qui il n’a toujours pas couru la moindre course. Pour autant, c’est un coup dur pour les Nordistes qui ont perdu une tête d’affiche sans parvenir à le remplacer. Et c’est bien la deuxième raison du trou d’air : le recrutement 2023. Si Cédric Vasseur se vantait de ce dernier à notre micro, c’est surtout parce qu’il fait face à la réalité du marché, où ses 19 M€ de budget sont bien peu face à la concurrence étrangère. Car ni Alexis Gougeard, ni Nicolas Debeaumarché, Ludovic Robeet ou Gorka Izagirre ne constituent de réels remplaçants pour performer face aux mastodontes du World Tour.


Un audit interne pour relancer Cofidis en 2024


Déjà, en septembre, Cédric Vasseur ouvrait la réflexion sur ce sujet. « C’est important de prendre du recul et d’anticiper la façon dont le cyclisme fonctionnera en 2030. On voit qu’aujourd’hui, de nombreuses équipes appartiennent à des milliardaires et à des Etats, notamment du Moyen-Orient, on entend parler de fonds d’investissement qui veulent arriver dans le cyclisme, nous confiait le manager. Et là ce n’est plus la même histoire ». Une déclaration pas anodine, alors que l’équipe, qui appartient intégralement au groupe de solutions de crédits du même nom, était sujette à un audit commandité par son propriétaire, comme l’a révélé Pierre Carrey dans RadioCycling. « A la suite à cet audit, l’équipe Cofidis, qui était jusqu'à présent administrée par une société (contrôlée par le sponsor), a été reprise en main par le sponsor directement : elle est devenue une des branches de la société de crédits », raconte le journaliste du Temps. Une reprise en main qui s’apparente à ce qu’a réalisé AG2R-La Mondiale en juin 2022, en rachetant la structure France Cyclisme à Vincent Lavenu pour tenir les manettes. Et pour matérialiser cette prise en main, Cofidis a officialisé en avril la prolongation de son sponsoring pour les trois prochaines saisons, tout en annonçant une hausse de budget dont le montant n’est pas connu.


"Julian a besoin d'un nouveau challenge dans sa carrière, il ne faut pas se voiler la face. Je ne pense pas que Patrick Lefevere se batte pour le garder. Nous, on est ouvert à la discussion." Cédric Vasseur

De quoi lancer un nouveau cycle, à condition de se maintenir en World Tour. Et comme le sport de haut niveau se joue sur des détails, et que la confiance joue un rôle prédominant, la roue semble avoir tourné dans le bon sens. Depuis début mai, les Nordistes ont enchainé 3 succès, dont la formidable victoire de Benjamin Thomas sur le Giro, puis celle d’Axel Zingle sur les Boucles de l’Aune, seul coureur qui donnait réellement satisfaction en 2024.


Prolonger les leaders et recruter de grands noms : l’objectif crucial de l’été


Si ces résultats donnent une bouffée d’oxygène à Vasseur et son équipe, Cofidis n’en reste pas moins sortie d’affaire. Les rouge et blanc ont un très léger matelas d’avance sur la zone de relégation, et doivent enchainer leur bonne dynamique, notamment sur le Tour de France. Mais surtout, la gestion du mercato s’annonce extrêmement tendue. Gros pourvoyeurs de points et principales têtes d’affiche du collectif, Ion Izagirre, Guillaume Martin et Axel Zingle sont en fin de contrat cette année et sont libres de s’engager où ils veulent dès le 1er août. Le grimpeur français n'a pas encore décidé et prendra le temps nécessaire pour faire le bon choix, comme il nous l'a révélé en interview. Quant à Axel Zingle, des rumeurs l'associent à Visma Lease a Bike. Il va donc falloir viser juste dans le recrutement si jamais Cofidis ne parvient pas à renouveler ses leaders.


Les nombreux appels du pied envers Julian Alaphilippe sont évidents, mais rien n’est fait pour le moment et Patrick Lefevere semble aujourd'hui ouvert à la négociation avec son coureur après le Giro. Cependant, on serait surpris qu'Alaphilippe accepte de prolonger vu les déclarations du Belge dans la presse depuis deux ans. En tous cas, le double champion du monde serait évidemment un recrutement très intéressant pour l'image et la réputation de l'équipe.


Le leader de la vieille garde espagnole de la Cofidis, Ion Izagirre, 35 ans, pourrait quitter le navire. Afin de le remplacer, un coureur comme Emmanuel Buchmann pourrait être aussi intéressant, surtout que son histoire avec Bora semble condamnée suite à sa non-participation au Giro. Cela ferait un leader de plus sur les courses à étapes pour épauler Guillaume Martin.

En cas de départ d'Axel Zingle, Alex Aranburu nous semble intéressant. Même si l'Espagnol n'est pas un gagnant, sa régularité ferait du bien à l'équipe nordiste et cela poursuivrait la tradition espagnole au sein de la maison.


Un rouleur intéressant sera aussi en fin de contrat. Il s'agit de Rune Herredogts, en fin de contrat avec Intermarché et qui a un profil assez polyvalent mais pas certain que l'équipe belge le lâche. Le nom de Garcia Pierna nous plaît aussi, pour poursuivre la tradition espagnole de l'équipe, d'autant qu'il est lui aussi polyvalent. Enfin, le recrutement d'un coureur rapide serait nécessaire pour scorer régulièrement et Alvaro Hodeg peut être un beau coureur à relancer. On doute qu'il soit prolongé par UAE et sa côte a très fortement baissé.


Enfin, comme souvent, Cofidis va chercher quelques coureurs en division continental et on voit bien la formation nordique se pencher sur Joris Delbove (St Michel AUBER 93) et Clément Braz Afonso ( UC Nantes Atlantique).


Notre mercato idéal : On part du principe que malheureusement Axel Zingle quittera la maison. La prolongation de Cofidis et un budget à la hausse pourrait permettre de rapatrier Julian Alaphilippe.


  • Prolongations de : Guillaume Martin, Stanislaw Aniolkowski, Kenny Elissonde, Axel Mariault, Jonathan Lastra, Alexis Gougeard, Alexis Renard soit 7/17


  • Départs de : Ion Izagirre, Axel Zingle, Gorka Izagirre, Ben Hermans, Simon Geschke, Ruben Fernandez, Christophe Noppe, Ludovic Robeet, Thomas Champion et Harrison Wood.


  • Recrutements de : Julian Alaphilippe (31), Alex Aranburu (28), Emmanuel Buchmann (32), Elie Gesbert (28), Garcia Pierna (26), Alvaro Hodeg (27), Stan Van Tricht (24), Clément Braz Afonso (24), Joris Delbove (23) -

  • Effectif total : 29 coureurs.


Réaliser un tel mercato serait fabuleux, mais avec le renouvellement de contrat de Cofidis jusqu'en 2028 - et sûrement au delà - ainsi que l'épée de Damoclès de la relégation en 2025 au-dessus de leur tête, ils seraient bien inspirés de marquer un grand coup cet été/hiver. Il reste à souhaiter à Cofidis de suivre la même trajectoire que Décathlon-AG2R-La Mondiale Team, 18e en 2023 mais 2e cette saison grâce à une nouvelle stratégie et des changements profonds. L’arrivée d’un co-sponsor de renom pourrait aider Vasseur et consort de connaître pareil succès. Les prochains mois seront riches en enseignements.

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