Avec Alaphilippe et Hirschi, Tudor Pro Cycling vise les invitations en World Tour en 2026

Avec un recrutement clinquant, la Pro Team Tudor Pro Cycling a présenté ses objectifs pour 2025. Entouré de Marc Hirschi et Julian Alaphilippe, le propriétaire de l’équipe suisse, Fabian Cancellara, a annoncé la couleur : finir dans les 2 meilleures Pro Teams. Et a surtout assuré ne pas viser le World Tour Fin 2025.

Les apparences sont parfois trompeuses. En ce début d’année, les équipes organisent tour à tour leur journée de rentrée. Elles invitent la presse pour présenter les recrues et lancer quelques annonces, comme les objectifs de l’année ou le calendrier des leaders, avant d’accorder quelques interviews. Le processus est rodé, les journalistes sont prévenus par communiqué de presse soit par mail, soit via un groupe WhatsApp. Depuis quelques années, les journalistes ont l’occasion de se joindre en visioconférence, alors que les plus privilégiés sont sur place, généralement sur le site du stage d’entraînement de l’équipe. Et cette année, il s’agissait d’une première pour la jeune Pro Team Tudor Pro Cycling. « Nous sommes ravis de vous voir si nombreux pour la toute première journée média de notre histoire », entamait, enthousiaste, la responsable presse de l’équipe suisse.

Pourtant, malgré la nouveauté apparente, rien ne laissait percevoir qu’il s’agissait d’un coup d’essai. Les membres de l’équipes se sont succédé devant la presse, du propriétaire Fabian Cancellara en passant par Arvid De Kleijn, Michael Storer et bien sûr les deux recrues phares, Julian Alaphilippe et Marc Hirschi. L’audience, surtout, avec probablement plus de 30 médias présents, un nombre important. Bref, rien à envier aux meilleures équipes World Tour. Marc Hirschi ne disait d’ailleurs pas autre chose quand on lui demande les différences entre Tudor et ses anciennes formations WT (UAE et Sunweb ex-DSM) : « honnêtement, je ne vois aucune différence en termes d’organisation, de structure ou d’expertise. C’est très similaire », confie le puncheur suisse.

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Objectif top 2 des Pro Teams en 2025

Pourtant, le ton du management se veut modeste par rapport à la dimension et au statut de l’équipe. « Aujourd’hui, nous ne pourrons pas faire d’annonce sur le calendrier ou nos objectifs de la saison, car en tant que Pro Team, nous sommes dépendants des invitations aux grandes courses World Tour, déclare d’emblée le quadruple vainqueur du Ronde. Nous n’avons pas encore reçu de réponse des courses pour lesquelles nous avons candidatées, à part Paris-Nice. C’est donc compliqué de se projeter ou d’anticiper les calendriers ».

"Finalement, le World Tour, ça veut dire quoi ?" (Fabian Cancellara)

Malgré cette déclaration, tout porte à croire que Tudor se trouve dans une situation plutôt confortable à l’approche de la dernière saison du cycle UCI 2023-2025, qui aura un rôle primordial pour le suivant (2026-2028). Tudor compte en effet 10 000 points de retard sur Cofidis, 18e en cumulé. Un retard trop conséquent. Mais le classement des meilleures Pro Teams, offrant des invitations automatiques à toutes les courses World Tour aux 2 premières équipes pour l’année suivante, est plus que jamais d’actualité. En terminant parmi les deux meilleures PT, Tudor aurait la certitude d’être invitée à toutes les WT – ce qui ne signifie pas qu’elle y participerait, comme Lotto – et pourrait ainsi anticiper le programme de course très tôt. Voici le réel objectif de l’équipe, plutôt que de viser une montée directe.

Tudor, pas pressé d’être en World Tour

« Finalement, le World Tour, ça veut dire quoi ? a d’ailleurs avancé Cancellara. Marc vous l’a dit, nous sommes organisés de la même façon que les équipes WT, la seule différence est que nous devons candidater pour les courses WT ». Et force est de constater qu’il a raison : en 2025, Tudor compte 30 coureurs dans son effectif, le maximum autorisé en World Tour. Sur les 7 recrues de l’intersaison, 5 évoluaient en WT et les 2 autres sont issues de l’équipe de développement de l’équipe suisse, qui en est munie depuis sa création, alors que plusieurs formations WT n’en sont pas dotées. Enfin, avec près de 150 salariés, Tudor Pro Cycling est une entreprise au cadre bien rodé.

Calendrier WT des deux premières Pro Teams ces trois dernières années

Ce qu’il faut comprendre entre les lignes, c’est que Tudor ne vise pas le World Tour à court terme. Non, le team suisse cherche le top 2 des Pro Teams pour bénéficier de la visibilité et de l’attractivité des courses WT, sans subir les contraintes administratives de la première division. A la manière de Lotto et Israel Premier Tech ces dernières saisons, qui ont construit un programme à la carte et optimisé le calendrier dans un confort important. C’est là peut-être une des limites du règlement : là où des équipes comme Arkéa B&B Hôtels, Astana ou Cofidis envoient des effectifs légers ou fatiguent des leaders sur le Giro ou la Vuelta, Lotto et Israel économisent de l’argent et de l’énergie en faisant l’impasse. L’impact est difficile à quantifier mais semble certain. Tudor aurait tort de s’en priver. Reste maintenant à atteindre cet objectif du top 2 en fin d’année. La concurrence sera ouverte, avec Astana, Arka-B&B Hôtels, Uno-X, TotalEnergies et Q36.5 comme principaux adversaires. Et avec Hirschi ou Alaphilippe, Tudor part favori. Rendez-vous dans un an, à la fin du bal, pour payer les musiciens.